Chose promise chose due, voici encore un texte de Philip K. Dick. Mais cette fois-ci on oublie le genre littéraire de la nouvelle pour passer à un roman. Et ça fait du bien.
Tout d’abord, il faut savoir que cette oeuvre avait été à l’origine refusée par l’éditeur de Dick. Ne voulant pas reprendre le manuscrit, il décida de l’offrir à son ami Tim Powers. Après la mort de l’auteur, son ami décida de publier cette ouvrage, qu’il jugeait très bon. Cependant, le refus de l’éditeur en premier lieu amena Dick a écrire La trilogie divine, ouvrages qui succédèrent donc à ce premier jet qu’est Radio Libre Albemuth.
Chose légèrement étrange dans le roman, Philip K. Dick est un des acteurs principaux de celui-ci, même si nous suivons surtout Nicholas, son ami. Plus ou moins engagés politiquement, ils ne supportent pas le nouveau président des Etats-Unis, Ferris F. Frémont, qui met en place une dictature déguisée où des agents miliciens n’hésitent pas à piéger les opposants avec de fausses accusations, à instaurer une politique de délation et à tuer si nécessaire.
Et puis un jour, Nicholas fait des rêves étranges dans lesquels il a l’impression de faire partie de quelque chose de bien plus grand et de bien plus important que sa petite vie de disquaire à Berkeley. Et puis les choses s’intensifient; ses rêves deviennent de plus en plus réalistes, Nicholas commence à avoir des visions, il ressent des sensations étranges, comme s’il n’était pas seul. Jusqu’au jour où il entend une voix qui communique avec lui. Nicholas comprend enfin son rôle, déloger Frémont du pouvoir.
Entre les deux amis commencent alors une réflexion sur ce qu’il se passe en Nicholas et échafaudent toutes les théories possibles, aidés par l’imagination de Phil, auteur célèbre de science-fiction : la parole de Dieu, des extra-terrestres essayant de communiquer, des images d’un monde parallèle etc.
Finalement, Nicholas doit-il faire confiance à quelque chose qu’il ne comprend pas et qu’il ne connait pas, même si le but est la libération ? Jusqu’où va-t-il devoir aller pour libérer son pays ? Et jusqu’où va-t-il vouloir aller ?
Cette ouvrage fait écho la Zone du dehors d’Alain Damasio. Les citoyens sont des délateurs, s »ils s’opposent au dicta instauré par le gouvernement, ils n’ont pas d’autres choix que l’enfermement ou la mort. Ils vivent ainsi dans un monde sans liberté, épié, fliqué et tenu en terreur.
Radio Libre Albemuth est un livre complexe dans lequel religion et science-fiction sont étroitement liés. Chaque ligne va demander une extrême concentration et une réflexion constante. Il ne faut pas hésiter à relire plusieurs fois certaines pages afin de comprendre la moindre théorie et même la plus minuscule information qui peu, sur le coup, ne pas paraître utile.
Une lecture complexe qui pour ma part, m’a demandé beaucoup d’effort pour tout comprendre. Rappelons également que ce livre est la dernière publication de Dick et pourtant le prélude à la célèbre Trilogie divine de l’auteur. Il apporte donc des éclaircissements sur ces ouvrages et en devient donc incontournable pour aborder cette grande épopée.