Et voilà que ça me reprend. Encore une fois la folie me gagne. J’étais déjà sorti mal en point de ma folie des « hic ». Je ne sais pas si je résisterai à celle-là.
Il existe ce que l’on appelle des hommes de lettres. Mais la société nous parle beaucoup moins de leurs compatriotes, les hommes de chiffres. 1 5 8 7. 3 6 9. 4 5 6 7 8. Et mince, voilà que ça recommence. Et si le monde parle moins de ces hommes de chiffres, c’est que derrière eux se cachent un terrible secret. Et ce secret s’appelle la folie numérale. Car oui, 1 6 7 9, 1 2 3 5, 3 5, si les hommes de lettres affectionnent les lettres, les hommes de chiffres apprécient tout particulièrement les chiffres. Et quoi de mieux pour lier passion et travail que le sudoku pour un homme de chiffres ? Seulement, si le sudoku peut paraître anodin pour n’importe lequel d’entre nous, il l’est bien moins pour un homme de chiffres. Car avec le commencement des sudokus, il entame sa descente aux enfers. Et si l’enfer est pavé de bonnes intentions, pour eux, il est pavé de chiffres. La première grille commencée il est déjà trop tard. La folie numérale s’installe. 5 6 9. 1 4 5. 2 7 8 9. D’une grille par semaine, le nombre augmente exponentiellement au fur et à mesure des réussites. Petit à petit, le sudoku prend le pas sur le repos. Impossible de trouver le sommeil sans avoir complété 2 grilles de suduko minimum. Le mal guette et rode partout. Chaque moment d’attente et de loisir est asphyxié par le sudoku. Et puis, de jour en jour le mal ronge. On devient enfermé dans une prison dont les barreaux forment des grilles de sudoku dans lesquelles nous comptons les jours de réclusions en remplissant les cases. 1 2 3 4 5 6 7 8 9. 1 2 3 4 5 6 7 8 9. Toujours 1 2 3 4 5 6 7 8 9. Sans faillir 1 2 3 4 5 6 7 8 9. Jusqu’à ce qu’un jour, 1 2 3 4 5.