Étiquette : bus

  • Le 12h45 pour Paris

    Le 12h45 pour Paris

    Cynthia et moi embarquons à bord de notre Flixbus pour Paris. 27€ aller retour pour deux il aurait fallu être fou pour se priver (non, cet article n’est pas sponsorisé par Flixbus mais si y’a moyen de voyager en bus gratuit je ne dirais pas non…).

    Avant même de monter les marches, on repère l’habituée : celle qui parle au chauffeur en lui disant que c’est une habituée et qu’elle a déjà voyagé avec lui, mais aussi avec Momo, Pierre, Chrystelle et Jacqueline. Le chauffeur lui dit de se mettre pas loin d’elle pour papoter durant le trajet. Bah ouais, trois heures c’est long, faut tuer le temps. Et même le Death Note ne peut pas faire ça !

    L Death Note

    Cynthia les bons tuyaux m’invite à prendre les sièges où la place est la plus agréable pour les jambes, celle face à l’escalier du mi-bus.

    Alors à moins de vouloir faire un bingo sur les gens qui vont aux chiottes tout en ayant le nez bouché, je ne recommande pas cette place. C’est à peu près ce que je lui dis mais moins finement : « ça pue les chiottes c’est dégueulasse on ne s’assoit pas là ». Je rebrousse chemin et nous assieds côté gauche vers le milieu de l’avant du bus. Une place pas plus stratégique qu’une autre. Le genre de place normale qui a une prise usb et une prise secteur, top pour le trajet quoi (Flixbus si tu me lis…) !

    Je regarde l’anarchie du bas côté, classique gare Lille Europe, avec les chauffeurs obligés de s’arrêter en plein milieu de la route pour attendre trente minutes que le futur passager descende du train. Que serait la gare sans un concert de klaxons et un solo de jurons ? Rien !

    excité du volant

    Les gens s’installent, mettent leur valise dans la soute, côté gauche comme côté droit, mais sans les risques de mort dus aux voitures et bus qui frôlent les piétons pour ce dernier.

    Notre chauffeur s’installe, tout est prêt !

    Sauf les retardataires.

    Mais notre chauffeur est pro, il les emme***. Il attend trois quatre minutes puis part. Et il a bien raison ! Si on nous demande d’être quinze minutes avant l’heure du départ, ce n’est pas pour rien. Nous partons donc légèrement en retard mais rien d’alarmant.

    Si les bouchons lyonnais sont connus, je pense que ceux de Lille n’ont pas à pâlir ! Nous nous retrouvons donc quasiment de suite arrêtés.

    Vous vous souvenez de Giselle, notre habituée, garée proche du chauffeur ? Elle n’a pas attendu plus longtemps pour piailler. Et pia pia pia Momo. Et que Jocelyne elle était bien et que Josiane aussi.

    Mais ce qu’elle ne sait pas notre pipelette, c’est que Josiane et Jocelyne ont sacrément fait de la merde ! Eh ouais ! Et ça c’est notre chauffeur de bus qui nous l’a dit. Chauffeur de bus non marié et sans enfant qui plus est. Parce que 10 ans à conduire des Flixbus, ça n’aide pas pour une vie de famille. Et la boîte a d’ailleurs sacrément évoluée en dix années. Il en est content Jacques (notre chauffeur).

    Notons à ce stade que tous les prénoms ont été changés dans un souci d’anonymat et, surtout, dans un souci de mémoire.

    Et Jacques il aime beaucoup les Enfoirés. Surtout le dernier album, celui qui passe en ce moment dans le bus. C’est le meilleur depuis au moins deux voire trois ans. Giselle trouve aussi.

    C’est vrai qu’ils avaient perdu de leur superbe les Enfoirés. Et puis les scandales et les casseroles qu’ils se traînent, c’est quand même bien triste. C’était pas ça du temps de Coluche.

    Ah bah non ma p’tite Giselle ! Mais si maintenant tu pouvais arrêter de parler ce serait top !

    bébé dortHeureusement, notre amie Giselle a dû entendre notre appel à l’aide. Elle est fatiguée. Au point de ne pas tenir 3h de conversation. Elle s’assoupit tendrement, comme un bébé épuisé de s’entendre parler.

    Hallelujah !

    Le trajet se passe donc sans encom… « Oui José ? Oui mon entretien s’est bien passé. »

    Oooook !

    On a donc maintenant Clémentine qui se croit dans une cabine téléphonique publique. Elle ne doit pas voir que dans sa graaaaaaande cabine il y a plus de 80 personnes. Ah bah non. Il y a déjà son nombril, dur de voir le reste.

    bus
    Reconstitution réalisée avec trucage

    M’enfin Laurie (qui s’appelait plus haut Clémentine mais problème de mémoire ya know), elle cherche du boulot. C’est important le boulot ! Alors sur les deux entretiens qu’elle a eu, elle préfère le deuxième. Et ça tombe extrêmement bien parce que la personne vient de la rappeler ce matin et lui a laissé un message sur son répondeur pour lui dire que si le poste la tente toujours, elle est prise.

    Mes félicitations !

    Elle va rappeler sa future chef de suite. Il ne faut pas passer à côté d’une telle aubaine ! Surtout qu’elle ne savait pas qu’une antenne départementale de droit de la femme existait à Lille ! Un coup de poker je vous dis !

    Mince !

    Elle tombe aussi sur son répondeur. Décidément, ce sera un échange par répondeur interposé.

    Mais c’est plus pratique finalement, elle peut rappeler ses amis.

    Ah non ! C’est sa sœur cette fois.

    Et vous savez quoi ? Sa mère lui a fait un truc pas propre à sa sœur. Elle ne l’avait même pas prévenu que son père avait eu un problème et est du coup à l’hôpital. On arrive pas à savoir ce que c’est mais on soutient. En mode gurlz gang quoi ! On laisse pas une sistah comme ça.

    gurlz gang
    Oui, en mode gurlz gang nous devenons asiatiques

    Attendez, la femme du boulot la rappelle !

    Chut chut chut !

    Oh je suis tout excité pour elle !

    Mais impossible de savoir ce que lui dit la femme au bout du fil invisible de son portable. Vivement qu’elle téléphone de nouveau à quelqu’un pour tout lui raconter.

    Yes c’est chose faite ! Clémentine/Laurie ne nous déçoit pas !

    Franchement c’est une aubaine ! Sa chef la fait commencer mi juin. Comme ça, ça lui laissera plus de temps. Et en plus, au lieu de faire 28h par semaine, elle en fera 22, ce qui lui laissera aussi plus de temps. C’est génial ! Je n’ai jamais été aussi content pour quelqu’un.

    Du temps pour quoi ? On en sait rien ! Mais est-ce qu’on ne s’en moque pas ? Le principal c’est qu’elle soit heureuse, non ?

    Par contre, elle devra appeler son contact pour un autre entretien qu’elle avait de programmé dans plusieurs jours. Plus besoin de le faire du coup.

    Eh ouais, Clémentine/Laurie ce n’est pas le genre à faire perdre du temps comme ça aux gens, pour rien. Elle son genre, c’est plus d’emmerder 80 personnes en même temps, en passant ses appels dans un bus, pendant qu’on essaie tranquillement d’écouter le deuxième album des Enfoirés du trajet et d’en apprendre plus sur la vie de Giselle.

    m'enfin
    Gaston Lagaffe de Frankin
  • London trolling (Londres partie 1)

    Fin octobre début novembre nous sommes allés avec Cynthia et un couple d’amis à Londres pour célébrer Halloween comme il se doit, au pays du fish & chips, du chat noir et d’Harry Potter (toutou toutou tou tou touuu touuuuuuuuuuu).

    Couple sans le sous, notre périple londonien commençait en bus avec 5h30 de trajet. Nous avions vu pire. Et 100€ A/R pour deux, ça valait bien quelques heures de bus. Tablette chargée, sucreries empaquetées, bouquins dans le sac, nous étions prêts à parer à toutes éventualités. Armés de nos passeports, le monde s’ouvrait à nous, en commençant par les portes du bus et de sa soute et les bras de nos 70 comparses.

    giphy-downsized

    Les places 60 et 61 se présentaient sagement à nous, propres, vides, prêtes à nous recevoir. Impec paupiette ! Et comme dirait un célèbre plombier italien créé par des japonais et bredouillant de l’anglais : Let’seuh go ! Londres nous appelait et en coeur, nous lui répondions !

    Comme chaque voyage à Londres, nous devions traverser la Manche. C’était inéluctable. Je sais, c’est long, ça peut être chiant, mais c’est comme ça. Je vous ai même fait un schéma explicatif sur pourquoi on ne peut pas esquiver la Manche. Enfin si, on peut. Si on ne veut pas aller au Royaume-Uni ou en Irlande, c’est tout.

    Lille Londres

    Et comme nous prenions le bus, deux choix s’offraient à nous :

    • le ferry
    • le tunnel sous la Manche

    J’avais déjà pris l’un et l’autre la dernière fois que je m’étais rendu à Londres, il y a de ça 3 ans. Et une fois de plus, c’était le mystère complet. Enfin jusqu’à notre arrivée au Shuttle. Là il n’y avait plus trop de suspens, nous prenions le tunnel sous la Manche, c’était acté.

    Les différents contrôles passés, nous accumulâmes du retard, nous obligeant à postponer (bilingual you know) notre heure de départ. Je me permets d’ailleurs de digresser pour montrer à quel point la douane française est efficace. Et je suis sérieux ! Regardez avec quelle facilité, en utilisant un simple objet du quotidien, facilement défonçable, elle arrêta environ 25 tonnes lancées à allure tortue !

    IMG_2566

    Comme je le disais plus tôt, j’avais déjà pris le tunnel. Même si c’était de nuit, je savais à peu près à quoi m’en tenir. Mais Cynthia, non. Et elle aurait été ravie de prendre le ferry quitte à passer plus de temps pour la traversée ! Et en voyant arriver le train dans lequel nous devions rentrer, il fallait en effet avoir du courage ! Ça ressemblait quand même vachement à un vieux train russe récupéré pendant la guerre froide et pas remis à neuf !

    Si c’était que ça, j’aurais réussi à rassurer Cynthia. Ou sinon elle aurait dormi pendant la traversée de 35 minutes, histoire de faire comme si rien ne s’était passé. Mais comme vous le savez, rien ne se passe comme prévu quand je pars à l’étranger.

    Imaginez Cynthia pas rassurée. Pas stressée, mais pas au top de sa forme non plus. No shit Sherlock, passer une demie heure dans une boîte de conserve roulant à 130km/h dans un trou sous des tonnes d’eau de mer, c’est pas le pied ? Dit comme ça, pas vraiment non. Alors je ne dis rien, je la joue low profile . Mais c’était sans compter sur notre voisin de derrière. Lui, il ne s’était pas fait la même réflexion que moi. Lui, pour rassurer sa copine, il avait une tactique aux antipodes de la mienne :

    « T’as pas à t’inquiéter. Y’a trois tunnels; deux tunnels pour les trains (un dans chaque sens) et un tunnel de maintenance qui sert également en cas de problème. »

    Là, vous vous dîtes que franchement, comme discours pour rassurer, c’était plutôt quali. Et je suis d’accord ! Mais wait for it !

    « Et puis de toute façon, si le tunnel s’écroule, on meurt. »

    Cimer frère ! Vu la tête de sa copine et son blanc fantomatique, il se l’était vraiment jouer en professionnel là ! Cynthia et moi étions également aux premières loges pour ce discours très gai ! Nous nous regardâmes, communiquâmes télépathiquement pour partager une vision dans laquelle nous bâillonnions le gentil blaireau puis le jetions du train.

    C’est typiquement le genre de personne qui est capable de prendre le micro dans l’avion pour dire : « Rassurez-vous, en cas de crash, nous mourons. Allez, bon vol ! ».

    giphy-downsized (1)

    Encore heureux, le tunnel a eu un effet soporifique sur le gars qui a dormi pendant une bonne partie du trajet, jusqu’à notre arrivée à Londres pour être précis. Réveil qui a signifié son retour dans le bullshit game avec une explication sur pourquoi les londoniens mangent tôt le soir, comparés aux habitants des pays chauds.

    Mais l’article s’arrête là et je ne vous donnerai pas sa remarque qui, je suis sûr, vous donnerait envie de le claquer.

  • Conduire

    La semaine dernière, je vous parlais de la chance que j’avais eu le week-end d’avant mon départ. Aujourd’hui, je vais vous parler de la chance que j’ai eu, pendant mon départ. Ou plutôt, pendant mon voyage pour Londres. Parce que oui, « mon départ », concrètement, ça ne veut pas dire grand chose. Ou sinon mon départ aurait duré BIIIIIIIIIIIIP (c’est une surprise).

    Alors, comme je vous le disais dans mon article précédent, je partais de Lille à 12h15, en bus Eurolines. Oui en bus. L’Adice (association avec laquelle je suis parti) ne pouvait mettre que jusqu’à 40€ pour le trajet aller. Bon, en même temps, elle me donne 600€ pour survivre 3 mois et me paie mon logement. Donc je peux dire « Louée soit l’Adice » et pas grave pour le bus (oui la publicité est gratuite, mais quand une asso est vraiment très utile et que personne ne la connait, c’est bien dommage).

    Chemin faisant, je me trouvais à la gare de Lille Europe au départus de mon bus à 11h45, soit 30 minutes avant l’heure fatidique du départ pour le check in des bagages. 45 minutes plus tard, après 3 bus qui se sont arrêtés et qui sont repartis, dont un Eurolines, toujours pas mon bus. Puis, au loin, j’ai aperçu un vieux bus miteux arriver. N’y croyant plus vraiment, j’ai découvert, caché, un petit logo Eurolines (la compagnie devait avoir honte de ce bus). Je me sentais enfin sur le départ, impatient et en même temps stressé. Puis, lorsqu’il passa devant moi, j’ai pu lire sur une pancarte placée à l’avant du bus sa destination, « Düsseldorf ». Une fois de plus donc, faux espoir. Mais, fatigué par tant d’attente et voyant tout le monde se diriger vers ce bus, l’idée me vint de voir avec le chauffeur la destination du bus. Et oh joie, il se rendait à Londres. J’avais donc en face 3/4 de moi, mon bus. Le bus ressemblant le plus à un bus scolaire. Je pouvais donc dire adieu à la TV, à la place pour les jambes et au wifi.

    Passée la déconvenue, j’étais prêt pour les 5 heures de trajet annoncées. Mais c’était sans compter sur ce bon vieux Murphy. Car oui, à peine 45 minutes après le départ, nous avons bouchonné 30 minutes pour une raison inconnue. Il devait faire du stop, surement.

    Et c’est à ce moment là que je les ai vus. Oui, je n’avais pas fait attention avant, mais ils étaient là depuis le début : les gants de conduite. Et soudain, tout était clair. Ryan Gosling était mon chauffeur.

    Ni une ni deux, il a enclenché la première, a fait démarrer le bus sans trombe et s’est arrêté après 2 mètres.  Pas de doute, c’était bien Ryan Gosling, le vrai, l’original de « Drive ». Pas celui de « Crazy Stupid Love » ou de « The place beyond the pines », sinon ça n’aurait aucun intérêt.

    C’est donc en toute gaieté que je me suis laissé conduire à Calais pour prendre le Ferry. Et oui, le ferry ! Surpraïse modafocka (comme diraient certains) ! Pour une traversée de 2h. Bon, bonne nouvelle, je n’ai pas le mal de mer. Mais par contre, je n’ai jamais réussi à trouver ni la piscine, ni la salle de bal ni les danseuses de cabaret. Le staff devait être en congé. Je ne vois que ça. L’important, c’était que Ryan Gosling le chauffeur de bus pouvait enfin se reposer. Allez savoir ce qu’il faisait pendant ces 2h de traversée. Nul ne le saura jamais.

    Welcome to England. Bienvenue à la petite Angleterre (Nelson Monfort, sors de ce corps !). De fil en aiguille, me voilà de l’autre côté de la Manche. Conduite à gauuuuuuche…toute ! Et Ryan reprit le volant, plus serein que jamais. De mon côté, je résistais au sommeil afin de ne pas sortir de ce rêve éveillé.

    Et puis finalement, 9h après mon départ en retard de Lille Europe, Victoria station, terminus, tout le monde descend. Ryan le chauffeur a ouvert la soute à bagages, sans ses gants de conduite car après tout, il ne conduisait plus. Et c’est dans un fondu noir dû à mon manque de sommeil que je l’ai vu disparaître de ma vie, la musique en tête, ouhouuuuuuu driiiiiiiiiiiing, toum doum doum, toum doum doum, doum doum…