De retour pour une chronique un peu spéciale.
Voyez-vous, j’avais commencé à lire le Da Vinci code avant de voir, le lendemain, qu’il passerait à la télévision 8 jours plus tard. Lisant relativement vite et ayant pris le temps pour lire (le bouquin ne laisse pas non plus beaucoup le lecteur s’échapper), j’ai réussi mon objectif, terminer le texte avant de revoir le film (que je n’avais vu qu’une fois il y a 7 ans minimum). Du coup, je me suis dit que ce serait sympa de comparer un peu le livre et le film, les deux étant frais dans ma tête.
J’ai terminé le livre lundi matin pour une diffusion du film lundi soir. Je venais à peine de poser Robert Langdon et Sophie Neveu que je voulais déjà replonger à la résolution d’une énigme qui ferait pâlir Benjamin Gates. J’étais donc plus que ravi de pouvoir visionner ce qui s’était passé dans ma tête pendant une semaine.
Je rêvais Saint Graal, je mangeais Saint Graal, je buvais Saint Graal. Tout comme notre couple de héros, j’essayais de résoudre chacune des énigmes, me triturant les neurones au point de chercher chaque tableau sur Google dès que l’un des protagonistes en parlait, que ce soit Langdon, Teabing, Neveu ou autre. Fixé à mon livre et mon écran, je suivais comme dans un livre dont je suis le héros, quitte à m’arrêter dans ma lecture pour chercher les réponses sur le tableau. J’étais tenu en haleine, accroché par un hameçon invisible, ferré aux énigmes comme Bézu Fache harponné à son suspect.
Ma tête était rempli de complot, à demander à Cynthia de me démêler le vrai du faux entre les Templiers, le Prieuré de Sion, Marie Madeleine, l’Opus Dei, le massacre du vendredi 13, etc. Mes lointains cours d’histoire ne m’étaient d’aucune utilité, j’avais besoin de l’histoire véridique, pas de ces mensonges de prof.
Je voyais ensuite des complots partout, dans les chiffres qu’on me donnait au boulot, des codes cachés dans des articles, à la manière de Jim Carrey dans le nombre 23 ou comme MC Solaar dans sa chanson Da Vinci Claude.
Et le soir de la fin de ma lecture, toujours sur les fesses par les révélations, je les ai posées sur mon canapé pour regarder le film de Ron Howard. A l’époque de mon premier visionnage, Audrey Tautou et Tom Hanks m’avaient semblé parfaits. Mais après lecture, j’appréhendais un petit peu. Et bien entendu, j’avais de quoi. Je venais de passer une semaine à m’imaginer chaque personnage en fonction des descriptions de Dan Brown et de mon ressenti sur eux.
Ma plus grande difficulté fut de passer d’un rôle actif à un rôle passif. Je n’imaginais plus l’histoire, je la subissais. C’était un assez gros choc. D’autant plus que le livre était encore frais, je notais donc involontairement dans ma tête chaque petite différence entre les deux oeuvres : « Ah, dans le bouquin il dit pas ça », « Non, ce n’est pas comme ça que ça se passe », etc. Et c’est normal, il n’y a pas de narrateur dans le film, alors il faut faire passer en image ce qu’il est censé nous dire. Nous sommes sur un support différent, qui doit donc s’adapter.
Mais je l’avoue, j’ai été déçu. Le film ne regorge pas d’énigme, on ne lit pas la tension, cette soif de dénouement de Langdon, qui a l’air un peu pataud à chacun de ces gestes. Nous sommes plus dans une version que je qualifierai de manichéenne, moins nuancée que le roman. Tout est plus rapide, plus simple, plus exagéré.
Cependant, un personnage garde, je trouve, toute sa beauté et son importance, celui de Leigh Teabing. On le retrouve dans le film comme dans le livre : passionné. Bien qu’un peu moins classe et moins British que celui de Dan Brown, celui de Ron Howard retranscrit tout de même bien ce personnage complexe.
Plus « enfantin », plus rapide, moins complotiste (ou en tout cas moins assumé), le Da Vinci Code de Ron Howard ne nous laisse pas nous poser pour assimiler toutes les révélations, comme s’il n’avait pas voulu s’attirer les foudres de l’Eglise. Ron Howard réussit cependant à terminer en apothéose, là où Dan Brown finissait proprement sur un coup dans la face, le film nous le montre, ce coup dans la face. Et le voir de ces yeux donnent un sens beaucoup plus profond, beaucoup plus lourd, qui nous laisse encore plus à terre et nous fait oublier les quelques déceptions vécues auparavant.