Étiquette : allitération

  • La boîte à facettes

    La boîte à facettes

    Adeline, dodue, se dandine et se déhanche sur la piste de danse au son des bam, boum badam des basses provenant des baffles.

    Savannah, suave, sirote son soda, assise sur le sofa, lascive, suggestive aux yeux de ses sœurs esseulées, savourant ses prochaines pulsions assouvies.

    Étienne, trois gin tonic plus tard, l’étincelle d’excitation s’est transformée en feu d’artifice, titubant, tapant du pied au rythme du staccato ténu de son trip en solitaire.

    Bernard, accoudé au comptoir n’est pas là pour se mouvoir mais pour boire, oublier les mouchoirs du précédent déboire, passer à plus tard, une soirée de soulard qui finira habillé dans le plumard.

    Ninon ne voulait pas. N’a pas suivi par choix. N’aime pas et d’avis ne changera pas. Non, niet, négatif, l’alcool n’aidera pas. Nul et non avenu, cette soirée n’existe pas.

    Maël est en mission. Animé et armé de mélancolie des vieilles mélodies, il ne ménage pas ses efforts, sans montrer d’animosité envers la musique numérique, pour émouvoir son monde autour du music hall.

    Vincent va et vient, vite, des verres en veux tu en voilà. Victime de vociférations, souvent vilipendé ou violenté, serveur est un métier de haut vol. Mais que voulez-vous ? Il faut bien vivre. Ou survivre.

    Charlotte est en chasse. En chasse d’une chose nichée en elle, cachée profondément. Mais elle la cherche chez les autres, ne le sachant pas. Un être cher pour la chérir, pour la réchauffer et ainsi assécher ses larmes. Chardonay. Champagne. Chasseresse chassée sur le point de choir.

    Moïra est joie. Tous ses amis sont là, à danser, à faire n’importe quoi. C’est exactement comme ça qu’elle imaginait cette soirée là. Quand minuit sonnera, c’est une bougie de plus sur son gâteau qu’elle soufflera. Vingt trois ! Déjà ! En cachette, au fond de soi elle pense maman, papa, merci pour tout ça. Cette soirée, elle est à moi.

    François est le roi. C’est endroit est son royaume, son territoire. Il lui appartient il y a tous les droits. Tu crois pouvoir entrer, caresser dans le sens du poil ras le roquet à l’entrée ? Il les croise rottweiler fox-terrier, les a apprivoisés, sevrés et armés. C’est sa garde rapprochée. Au patron. Au daron.

  • Diatribe acerbe

    Je ne veux pas bouder le Bon Dieu ni Bouddha mais je ne vais pas arbitrer un ballet d’usurpateurs se renvoyant la baballe. Ce serait comme rester bouche-bée devant ma bouteille de tord-boyaux en attendant le miracle d’être beau. Non, plutôt la boire et devenir béa d’ivresse que d’espérer une bonne action, un miracle sortant d’un chapeau, tel le lapin blanc guidant les âmes perdues. Car oui, ces dieux buveurs d’âmes babysittent les biquettes que nous sommes. Les plus faibles sont embrigadées pour devenir leurs bienfaiteurs, bien incapables de penser par eux-mêmes. Et dans une logique d’abus tributaire, ces badauds sont béatifiés, embuant les binocles des autres déficients du bulbe, prêts à gober le moindre mensonge pour oublier leur obésité et leur excès de sébum quitte à devenir des zombies décérébrés.

    Après tout, autant se faire bouffer le cerveau car pendant ce temps, les bureaucrates et les politiciens de notre République, toujours pas décrédibilisés, pourtant sensibles à la bedaine de leur ego et vulnérables à la beauté des belles blondes habités d’un cerveau de tubercule, s’agglutinent aux portes des gambettes de ces bimbos. Les bourrages de crâne de ces bébés baragouinant, pleurant au moindre bobo me font vomir tripes et boyaux. Tels des clients d’une baraque à frites, nous faisons la queue pour écouter leurs baratins, assis sur des banquettes à déguster des buffets de banalités et de mensonges servant à engraisser notre bouée, tellement saturée de graisse qu’elle occulte notre cerveau. Pourquoi suivre ces brasseurs d’air à la foi et à la voix flexibles en fonction de billets; qu’ils soient verts ou de vote ?

    Quel choix de vie alambiqué pour les brebis égarées que nous sommes, à la recherche d’un père aux bras musclés, prêts à embrasser le biberon qu’il nous tend, sans chercher plus loin que le bout de la tétine. Peu importe qui tend la bouffe tant qu’on peut becqueter. Et peu importe la nature de cette bouffe tant qu’on peut la gober sans se poser de question. Pas de problème finalement, ouvrons la bouche et absorbons ses rejets de pensées, de doctrines pour ensuite les gerber telles quelles sur les belligérants.

    Les textes traduits de tablettes sorties tout droit d’une bibliothèque inconnue par des analphabètes bègues ou les paroles dithyrambiques de personnages burlesques désinhibés de toute moralité nous renvoient à la même chose, notre absence de raisonnement, d’opinions. Tout ce que nous faisons c’est baisser notre froc, faire voler le bas sans pour autant mettre en branle le haut. La bière et la bidoche, c’est bon pour le bidon. Mais Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Honoré de Balzac, Max Weber, Pierre Bourdieu, Gary Becker ou encore Albert Einstein et François Rabelais ne sont pas que pour les hurluberlus, mais aussi bien pour les Homos Hébétus que nous sommes.

  • Vincent

    Son sang ne fit qu’un tour. Il venait de découvrir une chose sensationnelle. Jamais auparavant il n’avait éprouvé une telle sensation. Mais son fardeau ne faisait que commencer avec cet appétit naissant.

    Et le prochain passant allait malheureusement pour lui le découvrir. Il le suivit dans le hall d’un bâtiment et attendit l’ascenseur à ses côtés. C’est avec la force d’un centaure qu’il lui sauta dessus. En à peine 10 secondes, le centurion sur son T shirt se couvrit de rouge. Quelques minutes plus tard, il sortit sans gêne de la cabine, euphorique.

    Mais plus jamais il n’aurait le sang chaud. De sans peur et sans reproche il passa à sans foi ni loi.

    Désormais centenaire, cet être pourtant si sensible de son vivant se consacrait maintenant à 100% à sa soif sempiternelle.

  • Ferdinand le furet furtif

    Il fut un temps fort lointain qui n’apparait dorénavant que dans les fictions fantaisistes pour les enfants. Un temps où les animaux vivaient tels des hommes et des femmes, comme dans les fables de la Fontaine ou dans la ferme des animaux de George Orwell. C’est la folle histoire de Ferdinand le furet. Mais il n’était pas n’importe quel furet. Il n’était ni fort ni faible et peut lui importait ces facultés car il était plus furtif que n’importe quel fauve. Si bien qu’il ne craignait personne, ni la faune farouche ni la flore florissante. Il était pourtant le dernier fervent défenseur d’une morale mise à mal par des êtres sans foi ni loi. Et malgré sa furtivité, il commit un jour une faute qui lui fut fatale. Une fouine perfide et fétide assoiffée d’argent le trahi pour faire fortune. Et malgré toute ses tentatives de fuite, Ferdinand ne réussit pas à fausser compagnie à ces félons. Et c’est ainsi qu’avec la fin de Ferdinand le furet furtif, notre fiction s’achève pour laisser place à un nouveau monde animal effilé, sans fondement.