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  • London rolling (Londres partie 7)

    London rolling (Londres partie 7)

    Le Ministère de la Magie est loin derrière nous. Nous sommes en effet plus en mode Ministère du transport. Et si le nom fait moins rêver, je peux vous assurer que notre moral est également beaucoup moins à la fête qu’avant.

    Nous sommes sur le parvis de la gare routière. Une gare routière, c’est comme une gare ferroviaire mais en beaucoup moins classe. En revanche, les deux se rejoignent parfaitement sur la déprime ambiante.

    Nous n’avons pas envie de partir. Seule une porte vitrée nous sépare de notre bus de retour. Rien de plus. Une vulgaire porte. Et pourtant, cette porte est notre dernier rempart qui nous retient à Londres. Le dernier lien, ténu, entre le rêve et la réalité. Alors lorsqu’elle s’ouvre, la première chose à s’engouffrer par cette porte désormais ouverte est la tristesse. Comment cinq jours peuvent avoir autant imprégner nos esprits ? Je ne pensais pas ça possible.

    Comme les autres passagers, nous faisons la queue pour monter dans le bus, nos bagages à la main et les larmes aux yeux. Nous sommes ces vaches en rang d’oignon ne comprenant pas que juste devant se tient l’abattoir.

    Le chauffeur semble qui plus est loin d’être agréable. C’est con. Ça aurait pu faire passer la pilule plus facilement, un moindre mal en somme.

    On aurait dû prendre la pilule bleue Cynthia…

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    Enfin c’est ce qu’on se dit sur le moment. On veut revenir en arrière, revivre ces cinq jours à l’infini. Le retour à la réalité fait mal. C’est comme se casser la gueule. Mais comme le dit le dicton, quand on tombe de bicyclette, il faut tout de suite remonter à cheval. Sinon on a peur à vie de faire de l’aviron. Alors c’est sûr, c’est dur de remettre le pied à la pédale. Mais si on ne le fait pas, on reste avec les petites roulettes. Et la vie ne fait pas de cadeau ! Alors comme Tim, tu fonces !

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    Je ne vais pas vous mentir, le début du trajet est dur. Nous avons les larmes aux yeux, incapables de nous remonter le moral l’un l’autre. Nous sommes comme deux borgnes ne comprenant pas qu’il nous faut unir nos forces pour voir comme une seule personne à nouveau. Tout comme Trunk et Goten, nous cherchons à fusionner, à nous entraider, mais nous avons du mal, nous ne connaissons pas la danse. Où est notre Piccolo, notre Petit-Cœur dévoué corps et âme à notre apprentissage ?

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    Quand soudain je pensais toute tentative vaine, le micro grésille et la voix du chauffeur de bus se fait entendre. Il avait entendu mon appel à l’aide. Nous sommes loin de la personne qui nous faisait monter dans le bus. La deuxième personnalité du chauffeur venait d’entrer en scène et elle nous fait des blagues, discute avec les passagers, commente les façons de rouler des anglais. Pile ce qu’il nous fallait ! OUI ! Continue Petit-Cœur chauffeur de bus, amuse nous, fait nous ton show !

    Nous sommes comme Chamillionaire, inarrêtables, avec les rageux derrière nous, jaloux du flow de notre chauffeur et de la dextérité de sa conduite. Comme dirait notre poète du sept-huit La Fouine, « j’suis dans mon jacuzzi, t’es dans ta jalousie« . A peu de choses près les derniers du bus montrent leurs fesses aux voitures de derrière.

     

    Le temps passe lentement mais assez facilement dès que le conducteur de bus discute. Et c’est donc moins déprimé et sur une pente ascendante que nous attaquons la douane. Enfin que nous arrivons à la douane. Nous ne l’attaquons pas. Impossible pour nous de l’attaquer d’ailleurs, il y a des plots partout. CQFD !

    ~ ~ ~ ~ ~ ~ douane ~ ~ ~ ~ ~ ~

    Contrôle des passeports, bla bla, pas de pause pipi car on est en retard, encore un contrôle des passeports, toujours du bla bla et toujours pas de pause pipi car on est, bien entendu, toujours en retard.

    ~ ~ ~ ~ ~ ~ fin de douane ~ ~ ~ ~ ~ ~

    Notre showfeur nous renseigne sur le tunnel sous la Manche afin de nous faire patienter pendant l’embarquement : «Nous avons 50 à 100m d’eau de mer au dessus de nous. C’est la Manche, la mer du Nord. Elle est très froide. On y peut rien. On me demande toujours si c’est possible de voir des poissons. Non, ce n’est pas le cas. Si vous en voyez, faites vos prières, c’est la fin du voyage. Bonne traversée ! Du coup, je ne sais plus quoi dire pour vous rassurer. J’avoue avoir moi-même peur maintenant.»

    Et contrairement au gros boulet qui avait tenté de rassurer sa copine lors de notre trajet d’aller et qui avait magnifiquement bien foiré, ce discours nous remonte à fond le moral et nous redonne le sourire. Nos visages ainsi que nos sourires se décrispent et avec Cynthia nous reprenons nos conversations et chamailleries habituelles. Nous en profitons également pour ressasser ces cinq jours outre Manche, à parler English, manger du fish & chips, prendre le tube et rigoler.

    C’est exactement ce dont nous avions besoin, une dernière note de gaieté pour notre London trip durant, ce voyage de retour emplit de tristesse, où les mots nous manquaient pour nous réconforter l’un l’autre.

    Merci chauffeur, tu nous auras fait rire dans un moment où le sourire était resté derrière les vitres de l’espace d’embarquement de Victoria, assis sur une chaise d’un Prêt à manger, accroché à la bar d’une rame de métro de la Bakerloo ou noyé dans un fond de London Glory du Rose & Crown à Old Park Lane.

    See you soon London!

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  • London trolling (Londres partie 1)

    Fin octobre début novembre nous sommes allés avec Cynthia et un couple d’amis à Londres pour célébrer Halloween comme il se doit, au pays du fish & chips, du chat noir et d’Harry Potter (toutou toutou tou tou touuu touuuuuuuuuuu).

    Couple sans le sous, notre périple londonien commençait en bus avec 5h30 de trajet. Nous avions vu pire. Et 100€ A/R pour deux, ça valait bien quelques heures de bus. Tablette chargée, sucreries empaquetées, bouquins dans le sac, nous étions prêts à parer à toutes éventualités. Armés de nos passeports, le monde s’ouvrait à nous, en commençant par les portes du bus et de sa soute et les bras de nos 70 comparses.

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    Les places 60 et 61 se présentaient sagement à nous, propres, vides, prêtes à nous recevoir. Impec paupiette ! Et comme dirait un célèbre plombier italien créé par des japonais et bredouillant de l’anglais : Let’seuh go ! Londres nous appelait et en coeur, nous lui répondions !

    Comme chaque voyage à Londres, nous devions traverser la Manche. C’était inéluctable. Je sais, c’est long, ça peut être chiant, mais c’est comme ça. Je vous ai même fait un schéma explicatif sur pourquoi on ne peut pas esquiver la Manche. Enfin si, on peut. Si on ne veut pas aller au Royaume-Uni ou en Irlande, c’est tout.

    Lille Londres

    Et comme nous prenions le bus, deux choix s’offraient à nous :

    • le ferry
    • le tunnel sous la Manche

    J’avais déjà pris l’un et l’autre la dernière fois que je m’étais rendu à Londres, il y a de ça 3 ans. Et une fois de plus, c’était le mystère complet. Enfin jusqu’à notre arrivée au Shuttle. Là il n’y avait plus trop de suspens, nous prenions le tunnel sous la Manche, c’était acté.

    Les différents contrôles passés, nous accumulâmes du retard, nous obligeant à postponer (bilingual you know) notre heure de départ. Je me permets d’ailleurs de digresser pour montrer à quel point la douane française est efficace. Et je suis sérieux ! Regardez avec quelle facilité, en utilisant un simple objet du quotidien, facilement défonçable, elle arrêta environ 25 tonnes lancées à allure tortue !

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    Comme je le disais plus tôt, j’avais déjà pris le tunnel. Même si c’était de nuit, je savais à peu près à quoi m’en tenir. Mais Cynthia, non. Et elle aurait été ravie de prendre le ferry quitte à passer plus de temps pour la traversée ! Et en voyant arriver le train dans lequel nous devions rentrer, il fallait en effet avoir du courage ! Ça ressemblait quand même vachement à un vieux train russe récupéré pendant la guerre froide et pas remis à neuf !

    Si c’était que ça, j’aurais réussi à rassurer Cynthia. Ou sinon elle aurait dormi pendant la traversée de 35 minutes, histoire de faire comme si rien ne s’était passé. Mais comme vous le savez, rien ne se passe comme prévu quand je pars à l’étranger.

    Imaginez Cynthia pas rassurée. Pas stressée, mais pas au top de sa forme non plus. No shit Sherlock, passer une demie heure dans une boîte de conserve roulant à 130km/h dans un trou sous des tonnes d’eau de mer, c’est pas le pied ? Dit comme ça, pas vraiment non. Alors je ne dis rien, je la joue low profile . Mais c’était sans compter sur notre voisin de derrière. Lui, il ne s’était pas fait la même réflexion que moi. Lui, pour rassurer sa copine, il avait une tactique aux antipodes de la mienne :

    « T’as pas à t’inquiéter. Y’a trois tunnels; deux tunnels pour les trains (un dans chaque sens) et un tunnel de maintenance qui sert également en cas de problème. »

    Là, vous vous dîtes que franchement, comme discours pour rassurer, c’était plutôt quali. Et je suis d’accord ! Mais wait for it !

    « Et puis de toute façon, si le tunnel s’écroule, on meurt. »

    Cimer frère ! Vu la tête de sa copine et son blanc fantomatique, il se l’était vraiment jouer en professionnel là ! Cynthia et moi étions également aux premières loges pour ce discours très gai ! Nous nous regardâmes, communiquâmes télépathiquement pour partager une vision dans laquelle nous bâillonnions le gentil blaireau puis le jetions du train.

    C’est typiquement le genre de personne qui est capable de prendre le micro dans l’avion pour dire : « Rassurez-vous, en cas de crash, nous mourons. Allez, bon vol ! ».

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    Encore heureux, le tunnel a eu un effet soporifique sur le gars qui a dormi pendant une bonne partie du trajet, jusqu’à notre arrivée à Londres pour être précis. Réveil qui a signifié son retour dans le bullshit game avec une explication sur pourquoi les londoniens mangent tôt le soir, comparés aux habitants des pays chauds.

    Mais l’article s’arrête là et je ne vous donnerai pas sa remarque qui, je suis sûr, vous donnerait envie de le claquer.