Nous sommes en 1990, une vingtaine d’année après la troisième guerre mondiale. Les bombes H ont plu sur le monde comme des cadeaux à noël.
Le monde est défiguré, des pays entiers ont été rasés et des villes anéanties.
La Terre entière était l’échiquier de deux super cerveaux électroniques : les EMSIAC, pour lesquelles mat ne signifiait que la mort de millions d’êtres humains, à savoir rien de plus qu’un vulgaire pion, comme dans les échecs sorciers d’Harry Potter.
Chirurgien de guerre, rafistolant les mutilés comme une couturière les jeans, le Dr Martine ne chôme pas. Nuit et jour des cadavres ambulants arrivent par hélicoptère, quémandant un coup de bistouri par là, un coup de scalpel par ci.
Jusqu’au jour où il décide de fuir, de déserter cette guerre qu’il ne supporte plus, pour atterrir sur une île proche de Madagascar, là où il rencontre une tribu plus que pacifiste. Durant 18 ans il opère, cherchant à éliminer le tonus, l’agressivité, l’anormalité, d’une partie de la population. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ce n’est l’ablation du plaisir chez ses patients qu’il trépane, soit disant pour le bien de tous. Car le différent dérange, fait peur.
Mais quand débarquent sur l’île des hommes dotés de prothèses au niveau des bras et des jambes, son bon vieux monde occidental se rappelle à lui. Que s’est-il passé pour en arriver là ? Sont-ils des mutilés de guerre ? Tous ? Ce serait bien étrange.
Poussé par une force invisible qui l’attire vers son continent américain natal, il quitte femme et enfant pour mener son enquête, qui le conduira au cœur du cerveau humain. Son premier indice pour l’aider dans sa quête : « Dîtes non au rouleau compresseur ».
Bernard Wolfe nous emmène dans une guerre froide pas très froide. Plutôt une guerre des tranchées psychiques et des non dits. Très philosophique, Limbo est une étude du comportement, de l’agressivité de l’homme et du rôle de la femme dans tout ça. Parfois très théorique, parfois très limite sur les propos, le roman pourra en déranger plus d’un.
Réelle extrapolation des années 1950 (date d’écriture), l’œuvre de Bernard Wolfe dépeint un monde qui oppose Amérique contre Russie, dans un facsimilé de monde utopique où tout le monde est égal et où la paie règne car la réponse ultime à la guerre a été trouvée : s’amputer volontairement.

La Vénus de Milo, première duo amp ?
Bouquin très dérangeant, très complexe, thèse sur le désarmement et l’intelligence artificielle qui laissera un léger goût amer dans la bouche.
Finalement, le meilleur moyen de ne plus faire la guerre, ce ne serait pas ça ?

Satyre au repos attribué à Praxitèle