Depuis peu, je suis retombé dans mes travers suite à la découverte d’un élément perturbateur, m’ayant fait redécouvrir le plaisir de mon ancienne addiction.
Voyez-vous, dans mes locaux, une salle a été récupérée pour être transformée en deux salles de réunion afin de combler ce besoin de réunionite qui nous tiraille tous.
Et ce qui est important dans les réunions, c’est la possibilité de pouvoir s’exprimer visuellement. Et ceci passe par différents moyens et supports, tels que les écrans, les vidéo projecteurs, paperboard et tableaux blancs. Ces deux derniers nécessitent un accessoire indispensable pour faire naître la créativité qui est en chacun de nous : le feutre. Mais plus particulièrement d’un feutre effaçable en ce qui concerne le tableau blanc.
– On se souvient en effet tous de la tête de cette personne quand en voulant effacer son schéma elle a découvert que le feutre était indélébile. Oui, je le sais, cette personne était parfois vous, votre mère, votre frère, votre cousin ou parfois moi. –
Mais de tous ces feutres effaçables, seul un tire son épingle du jeu. Écriture magnifiée ? Grip anti dérapage ? Feutre multi-usage ? Non, si les gens achètent ce feutre et ses différentes déclinaisons, c’est pour une seule et même raison : son odeur. Pivoine ? Jasmin ? Rose des bois ? Non ! Une odeur bien chimique qui laisse tout le monde d’accord. Une fois qu’on y goutte il est déjà trop tard, on y a pris goût.

Ce petit fourbe là. Lui ou ses comparses de différentes couleurs bien entendu.
Mais attention, il peut faire des ravages. Il en a déjà fait ! Jacqueline (nom bien entendu changé pour qu’elle conserve son anonymat) m’a raconté que durant un appel de dix minutes, elle l’avait sniffé au moins quatre fois. Peut-être plus, elle ne se souvient que d’une chose, dès qu’elle fut entrée dans la salle, le feutre n’a pas quitté sa main, jusqu’à ce qu’elle raccroche.
Je sens que petit à petit, moi aussi je suis atteint de cette feutrite qui furette dans mon cerveau à pas feutrés pour que je ne fasse plus qu’un entre le feutre et le nez dans lequel je l’ai fourré.
Mais le pire dans tout ça, c’est qu’il a déjà fait des victimes. Les pauvres malheureux, assoiffés de feutre, ne pouvait s’en détacher, obligés de faire semblant d’avoir besoin de l’utiliser pour ne serait-ce qu’humer son parfum, même de loin, causant parfois des dégâts irréversibles. Et malgré l’ardeur de certains à essayer de masquer les méfaits accomplis, le feutre reste là, se rappelant à qui de droit.
Sauvez-nous.
Je vous en supplie.
Sauvez-vous.
Je sens le besoin grandir en chacun de nous.