Je me suis réveillé il a de ça plusieurs nuits en pleurant sous la violence d’un rêve avec mon papy. Je l’ai enterré pendant mes congés il y a un mois. Quand mon père me l’a annoncé, bien que je me doutais que c’était ça, vous savez, c’est toujours quelque chose d’un peu irréel comme moment. On ne s’en rend pas vraiment compte.
C’était un rêve étrange où j’essaie de prendre en flagrant délit un braquage de banque mais échoue. Et au bout d’un moment, mon grand-père monte les escaliers jusqu’au dernier étage de la maison anciennement banque au rez-de-chaussée et en l’entendant, je vire brutalement tout ce qui me gêne, dont des gens, pour me précipiter dans l’escalier et enlacer mon papy. Lui de me dire « Je ne te voyais pas revenir et je me suis dit « tu le laisses partir cinq minutes et voilà maintenant que tu vas te retrouver seul mon vieux » ».
C’était sa voix, c’était mon papy d’il y a 6 ans, quand j’habitais avec lui. Le souvenir que je garde de lui, marchant seul, faisant le marché, allant à la messe, regardant les douze coups de midi, etc.
Ce sont ses souvenirs et ceux d’un moi plus petit dont j’ai gavé mon esprit pour rester en dehors de la réalité à l’enterrement. Ce moment où on se dit que c’est mieux comme ça, que de toute façon on le voyait peu et donc que la transition sera plus facile. Au final ça reste des conneries. Ça n’enlève pas la tristesse, ça n’atténue rien. Comme les mots maladroits des gens qui ne savent pas où se mettre quand ils apprennent la nouvelle. Laissez tomber, vous ne trouverez jamais les bons mots. Il n’y en a pas. Restez vous-même, comme si de rien n’était. Vous ne pourrez pas partager ma peine avec moi, vous n’avez pas connu mon papy. Pas la peine d’essayer.
Vous savez, égoïstement, j’en aurais voulu plus, du temps avec lui. Qu’il me raconte encore une fois la même anecdote que je connais par cœur. Qu’il regagne le concours des plus beaux cheveux contre Cynthia. Qu’il joue à la crapette avec mes frères et moi. Qu’il rit. Qu’il parle. Ou juste entendre ses pas frotter contre le sol, après avoir porté une vie bien remplie, d’un homme qui s’est accompli. Tous les papys sont des héros mais je peux vous le dire sans ciller que le mien était le meilleur.
C’est marrant d’ailleurs car à l’église je regardais le plafond, comme font les cons qui regardent « le ciel ». Là c’était moi le con, à me demander si son ciel à lui il l’avait trouvé, celui avec ma mamie et surement sa famille et ses amis. Je reste toujours aussi croyant qu’une moule, mais j’espère qu’il l’a trouvé, peu importe ce qu’il cherchait. Car lui y croyait.