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  • Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban de J.K. Rowling

    Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban de J.K. Rowling

    harry potter et le prisonnier d'azkaban

    Harry attention, le plus dangereux prisonnier d’Azkaban s’est échappé ! À côté, Ted Bundy, Jack l’éventreur ou le Zodiac sont des bisounours ! Sirius Black a tué douze moldus et un sorcier, en pleine rue, laissant à la place des malheureux un immense cratère.

    Oui, il était l’ami des parents de Harry. Mais cela doit-il forcément influencer ses émotions et son intégrité mentale ? Il a 13 nom de non ! Ses hormones le titille, ok ! Mais de là à vouloir venger la mort de ses parents… Personnellement à 13 ans je ne pensais qu’à jouer aux jeux vidéo avec mes amis. Bon ok, mes parents ne sont pas morts. Mais y’a des priorités quoi !

    Vous l’aurez compris, cette troisième année n’aura une fois de plus rien à voir avec une année normale.

    Et oui, les détraqueurs, des êtres sans pitié se nourrissant de la peur et de la tristesse des êtres humains encerclent Poudlard pour trouver Black. Et vous vous en doutez, Harry rencontrera des problèmes les concernant. Heureusement, il pourra compter sur Rémus Lupin, le nouveau professeur de défense contre les forces du mal. À première vue, il ne paie pas de mine. Il fait plus clochard que prof (éducation nationale, qu’as-tu fait ?). Mais il s’avère être le meilleur professeur de cette matière que les élèves n’ont jamais eu ! En même temps, entre un voleur qui ne connait que le sortilège d’oubliette et un mec double face dont l’une est celle de Voldemort, ce n’est pas compliqué de mieux faire !

    De son côté, Hermione est plutôt bizarre et son nouveau chat, Pattenrond, ne cherche qu’à manger Croutard, le vieux rat tout moche de Ron. Dont l’état ne cesse d’empirer. Autant vous dire que pour notre trio, il y a de l’électricité dans l’air ! Mais rassurez-vous, l’amitié est plus forte que tout !

    Beaucoup de différences dans cet opus entre le film et le livre, dans les deux sens.

    Le coup des petits cailloux jetés dans la cabane d’Hagrid, une très bonne idée ! J’attendais le passage dans le bouquin mais il n’est pas venu.

    De nombreuses petites différences ensuite concernant principalement le passage de la cabane hurlante, qui donnent une fois de plus de la profondeur à l’histoire grâce à un développement plus poussé dans le livre. D’ailleurs, savez-vous pourquoi on l’appelle la cabane hurlante ? MOI OUIIIIII !

    Quelle surprise également de savoir que le moment où Harry fait peur à Malefoy sous sa cape d’invisibilité n’est vécu que par Ron car en froid avec Hermione. Qui l’eut cru ? Qu’est-ce que cela change me direz vous ? Cela montre bien que dans une amitié, il y a parfois des hauts et des bas car nous ne sommes pas toujours d’accord. C’est important de rester fidèle à la vraie vie. Merci J.K.

    Restons sur le sujet de l’amitié avec Hermion. On en parle de Pattenrond ? Son chat ? Qui sert à quelque chose ! J’en ai été choqué !

    Vous l’aurez compris, j’ai une fois de plus pris beaucoup de plaisir à lire Harry Potter. Et d’avoir découvert l’univers en premier au travers des films fut bénéfique puisque j’apprends beaucoup de nouvelles choses grâce aux livres. Ce qui n’aurait pas été le cas dans l’autre sens.

    Vivement la suite !

  • Le pendule de Foucault d’Umberto Eco

    Le pendule de Foucault d’Umberto Eco

    pendul de foucault Eco

    Templiers, Rose-croix, sociétés secrètes dévoilées en plein jour, l’Histoire du monde moderne en est jalonnée et délacer le vrai du faux tend souvent au miracle. Véritable syndrome de l’œuf et de la poule, toutes ou presque s’accordent pour être la première sur le marché. Mélangé à ça un syndrome de la religion, toutes sont les seules et les uniques vraies sociétés où un gentilhomme devrait s’inscrire. Car oui, toutes ces sociétés secrètes sont connus par le grand public !

    Trois amis éditeurs, passionnés par le sujet suite à la volonté de publier un corpus de textes sur l’occulte, s’amusent à réécrire l’histoire de ses sociétés et de leur importance sur le monde tel qu’on le connaît, des juifs aux premiers assassins en passant par Provins et Paris, pour copier tous les « originaux » qu’ils croisent.

    Quel est le point commun, le fil conducteur qui les relie tous ? Un vieux papier pourrait leur apporter les réponses fantasques qu’ils cherchent. Mais attention, à force de se mettre dans la peau de quelqu’un, la frontière entre jeu et réalité est bien mince. Et le Plan innocemment créé pourrait faire éclater des secrets et des vérités en plein jour qu’il valait mieux taire.

    Après 600 ans d’attente, on ne souhaite pas se faire voler la vedette par trois amateurs.

    Une fois de plus, Umberto Eco m’a scotché ! Ce que j’aime cet auteur ! Et pourtant, il aime à étaler ses connaissances dans ses bouquins comme j’aime étaler mon Nutella sur mon pain grillé le matin, en en mettant des couches et des couches.

    Alors en toute franchise, oui, ça rend parfois la lecture difficile. Et quand je dis difficile, je veux dire qu’il faut s’accrocher comme si on était suspendu au dessus du vide par une ficelle de cuisine. Mais le bénéfice en vaut la chandelle. Car les connaissances d’Umberto Eco sont énormes et chaque petit détail ajouté donne une sacrée profondeur au récit. Ils forgent la narration. À tel point que tout ce qu’on lit, on le tient pour acquis.À aucun moment je n’ai réfuté les vérités qu’il écrivait.

    Avec Le pendule de Foucault, Umberto Eco réécrivait l’Histoire sous mes yeux et je découvrais un nouveau sens au monde. J’oubliais petit à petit tout ce que j’avais appris à l’école pour interpréter les événements du passé sous un nouveau jour.

    Et si, finalement, on nous faisait croire une Histoire fausse pour nous cacher la vérité ? Et si finalement, une partie de vous, lecteurs, avaient pour mission, vaille que vaille, de maintenir cette fausse vérité, ce mensonge en place ? On ne prête aucun crédit aux Francs-Maçons. Avons-nous raison ?

  • Le mythe de Cthulhu de H.P. Lovecraft

    Le mythe de Cthulhu de H.P. Lovecraft

    Le mythe de Cthulhu Lovecraft

    « Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn »

    Il est compliqué de décrire cet ouvrage, ensemble de courts témoignages sur le culte de Cthulhu et ce qui y est associé.

    Résumer une nouvelle serait trop en dire dessus et en même temps dévoiler le bout d’une autre. Bien entendu certaines paraissent similaires car elles abordent toutes le même thème, mais d’un point de vue différent et attaquant un autre angle du culte.

    Mais ce qui est intéressant avec Le mythe de Cyhulhu c’est que Lovecraft parvient à nous raconter une histoire commune sans pour autant écrire une histoire « complète ». Si je mets ce terme entre parenthèses c’est pour signifier que l’histoire en elle-même, la grande histoire de Cthulhu, son mythe, est composée d’innombrables histoires, que seuls quelques témoignages peuvent nous apporter.

    C’est la grande force de Lovecraft, de nous faire vivre un thème à travers des écrits de différents auteurs, tous rejoints par la peur de la découverte du secret, au bord de la rupture mentale.

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    Oui, les témoignages peuvent parfois se ressembler et pour qui n’a pas compris que l’œuvre n’était en fait pas un seul roman (oui j’avoue…) elle peut perdre le lecteur. Le mythe de Cthulhu n’est pas pour autant un livre à éviter. Bien au contraire, si vous vous intéressez à la culture populaire, c’est un must have ! Qui n’a jamais entendu parler de cet être aux dimensions inhumaines, dont la barbe de tentacules vient terminer une tête poissonnoïde (ce mot existe-t’il ?) surplombant un corps titanesque agrémenté d’ailes ? Qu’il parle maintenant ou se taise à jamais !

    « N’est pas mort ce qui à jamais dort et au long des ères étranges peut mourir même la Mort »

  • Kabukicho de Dominique Sylvain

    Kabukicho de Dominique Sylvain

    Kabukicho SylvainKabukicho, ce quartier aux faux semblants, aux sourires mensongers, ce quartier criard aux néons tapageurs, racoleurs, ce quartier où Tokyo se réunit, avide de soumission et d’éloges, ce quartier copiant Roppongi comme le cousin bizarre de la famille que tout le monde oubli, se rappelant à tous dans les pires moments et qui pourtant, parfois, en de rares occasions, contient une pépite à l’état brut ou raffinée.

    Kate Sanders en était une. Dès son arrivée à Kabukicho elle avait réussi à creuser son trou, à se faire une place au Club Gaïa, petite protégée de Mama San, la patronne. Et c’est pourtant dans un autre trou qu’elle sera retrouvée, morte, enterrée vive, dans le parc Chiba. Là où un mois plus tôt elle avait pique niqué avec Yodai.

    Lui aussi en est une. Arrivée à Tokyo pour cherché sa mère, Kabukicho l’a recueilli et l’a éduqué comme son fils. Devenu l’hôte le plus prisé de son propre club, le Café Château, il gagne dorénavant sa vie à mentir et à sourire, mais surtout à se mentir à soi-même.

    Mais de mensonge il n’y a pas la place dans l’enquête de la police. L’inspecteur Yamada est bien décidé à résoudre cette enquête, sa première vraie enquête depuis son retour au sein de la police après son coma. Pour élucider le mystère de Kate Sanders, il va devoir se plonger dans sa vie d’hôtesse, découvrir son histoire.

    L’histoire de Marie ressemble à celle de Kate, une gaijin qui débarque à Tokyo et qui termine elle aussi à Kabuchiko, à vendre son sourire et ses compliments.

    Véritable lieu de perdition, Kabukicho au mille néons réserve de nombreuses surprises par-delà les mensonges. Encore faut-il réussir à déterrer le vrai du faux.

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    Après La voie du sabre, il s’agit donc de mon deuxième roman se déroulant au Japon, ce pays qui subjugue l’Occident et qui recèle une part d’ombre en plus de son passé glorieux.

    Vous me connaissez, j’aime à petite dose les polars thriller. Oui, j’ai aimé Kabukicho, oui j’ai trouvé le coupable avant le dénouement et oui, une fois de plus, à la fin de ma lecture je me suis dit : « Qu’a ce roman de plus que les autres ? ».

    Le jour de ma fin de lecture, le matin même, il me restait à peine vingt pages lorsque j’ai dû m’arrêter car arrivé au boulot. Il me manquait l’explication, le pourquoi ! Je trépignais de le connaître, d’apprendre la psychologie du personnage qui l’a amené là où il est. Et pourtant, un fois le livre refermé, partageant ma surprise avec Cynthia sur une chose, je restais avec cette gêne.

    Oui, le roman est sympa et qui plus est rapide à lire et assez inattendu, jusqu’au moment où tous les pions mis en place révèlent la vérité avant que l’auteur ne le fasse. Mais finalement, on finit par s’attendre à cet inattendu, puisque habitué aux polars, aux thrillers et à tous ces livre à suspens. On se dit « A quoi je ne m’attends pas du tout ? À cette chose précise. Ok. Donc il y a de grandes choses pour que cette chose soit la clé du mystère ». C’est triste, mais on tomberait presque dans cette caricature qu’est le film Un cadavre au dessert.

    Alors non, je ne critique pas tant le roman, je vous l’ai dit, j’ai bien aimé. Mais je crois que je commence à me poser trop de question quand je lis un polar. Je devrais les aborder comme ma mère, en lire un puis passer à autre chose sans trop chercher. Je salue bien bas tous ces passionnés de thrillers et autres polars, vous avez du courage !

    Finalement, si vous voulez vous détendre, Kabukicho de Dominique Sylvain vous conviendra parfaitement. Il se lit bien et une fois plongé dedans, on veut découvrir ce qu’il s’est passé. Savoir pourquoi Kate s’est faite enterrée vivante. Là-dessus, le roman est une réussite. Mais j’attends toujours ce roman policier qui ne me laissera pas un goût de déjà vu une fois la lecture terminée, qui me retournera le crâne.

    Pour une lecture détente, ok ! Si, comme moi, vous souhaitez plus, optez pour un autre roman.

    PS : j’ai pas mal été perturbé par la couverture qui me rappelait grandement le détective L du manga Death Note. Et non, je ne parlerai pas de ce « film » de Netflix Death Note. Il y a des sujets tabous.

    L death note

  • La voie du sabre de Thomas Day

    La voie du sabre de Thomas Day

    la voie du sabre thomas dayDans l’empire de l’Empereur-Dragon Tokugawa Oshone, de nombreux seigneurs se partagent les territoires, sur lesquels ils règnent en maître, bon ou tyran.

    L’un d’eux, le Seigneur Nakamura Ito, se différencie par sa cruauté et le respect qu’il a su hériter par la crainte et par ses exploits guerriers. Son but est très simple, agrandir son pouvoir et ainsi son royaume. Pour ce faire, le meilleur moyen est encore d’enfanter l’Impératrice-Dragon, la fille de l’Empereur-Dragon. Mais le manque d’encre Shô l’empêche de parvenir à ses fins.

    Une aubaine s’offre un jour à lui, en la personne d’un Ronin à l’aspect de clochard dont la puanteur n’est supplantée que par son habileté à manier le katana. Cet étrange personnage, du nom de Miyamoto Musashi, se voit confier la lourde tâche d’entraîner le fils du Seigneur, Mikédi, dans la Voie du Sabre, la seule qui lui permettrait de prouver sa valeur et de mériter le droit de faire un enfant à l’Impératrice-Dragon.

    Pour assouvir le souhait de son père, Mikédi , alors âgé de douze ans, part sur la route d’Edo, empruntant non pas les routes mais la Voie du Sabre.

    Très court roman de moins de 300 pages, l’œuvre de Thomas Day se déguste d’une traite. Non seulement parce que courte, mais surtout parce qu’entraînante. L’histoire du maître et du disciple est ponctuée par plusieurs légendes venant étayer le récit. Légendes qui nous plongent d’autant plus dans l’univers et dans la narration de manière habile, pour permettre au Japon de Thomas Day de se substituer au Japon que nous avons en tête.

    Le caractère stricte et épuré du pays, mélangé au fantastique, nous plonge dans un univers onirique dont on ne peut douter de l’existence, où lézards géants côtoient mages et où poissons des mers accueillent des cités îles, pendant qu’un Empereur-Dragon fait la pluie et le beau temps sur ses seigneurs et donc par leur intermédiaire sur son peuple.

    Chaque exercice de Mikédi nous fait grandir avec lui et malgré les ellipses de parfois plusieurs années, le fil du récit n’est jamais interrompu par des retours en arrière ou des réflexions de la part du lecteur. Chapeau bas pour cette prouesse !

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    Je désirais lire un roman court après les 200000 pages de La Guerre et la Paix, pour me vider la tête. Et je dois vous avouer, La voie du sabre de Thomas Day n’a pas fait long feu. Quand on sait qu’un roman est court, on ne veut vraiment pas s’arrêter car on se sait proche de la fin. Et plus j’avançais dans le roman, plus je me demandais comment l’auteur avait réussi à caler autant d’histoires dans si peu de pages. Et j’en redemandais !

    Mais vous savez, aussi étrange que cela puisse paraître, après le dernier mot du roman, je fus rassasié. Il n’y avait ni trop, ni trop peu. L’auteur a réussi à trouver la quantité parfaite à proposer pour que le lecteur puisse digérer proprement son œuvre, en laissant un goût succulent en bouche. Plus de choses et l’ouvrage en aurait été alourdi, moins fluide, contraire à la philosophie de Miyamoto Musashi, pour qui parler n’est pas nécessaire, les actes faisant preuve de l’homme.

    Maintenant, c’est à vous de lancer sur la voie du sabre. Mais attention à ne pas vous perdre en chemin, car en moins de 200 pages s’écoulera des années qui mettront vos nerfs, vos muscles et votre cœur à rude épreuve.

    Mais au fait, pourquoi faites-vous ça ? Pour qui ?

  • La Guerre et la Paix de Tolstoï

    La Guerre et la Paix de Tolstoï

    La guerre et la paix 1 Tolstoi

    Nous sommes dans l’Europe du début du XIXè siècle. La France de Napoléon enchaîne les victoires et les conquêtes. Le dévolu de l’Empereur se jette sur la Russie, identifiée alors comme allier de l’Angleterre.

    Bientôt l’armée de l’Empire de France va marcher sur la Russie et ses alliés, dans une conquête inarrêtable.

    Mais la noblesse n’en a que faire, pour qui tout cela appartient à un futur lointain. L’armé rouge, forte, disciplinée, imbattable, empêchera l’avancée de Buonaparte, par le sang de leurs braves s’il le faut. Vaincue, incapable d’atteindre Moscou et Saint Pétersbourg, l’armée française n’aura pour seul but que de retourner en France, désemparée, perdue et anéantie.

    Alors les repas, les bals, les danses et les rires se prolongent, insouciants. La vie suit son cours comme il se doit, aussi sûr que l’eau coule d’amont en aval.

    Les Rostov, les Bézoukhov et les Bolkonsky en font partie. Qui doit être auprès de son père mourant, qui profite simplement de la vie, l’insouciance aux lèvres et l’amour au cœur, qui, sinon, doit élever son fils. Mais même lointaine, la guerre a de ça qu’elle réussit à faire parler d’elle, réveillant le dédain ou le patriotisme et en chacun un désir propre, qui cherche la gloire, qui la fortune, la renommée ou l’adrénaline.

    La guerre et la paix 2 Tolstoi

    Mais même les plus braves doivent à un moment se rendre compte que l’amour d’un empereur ne fait pas tout. Qu’une stratégie de guerre ne peut pas toujours être suivie à la lettre. Que chaque régiment, chaque responsable, chaque homme, à son libre arbitre. Et que c’est ce dernier, qui influera sur la guerre, dans la victoire ou dans la défaite. Et il faut parfois beaucoup de sacrifice pour s’en rendre compte. Si on s’en rend compte.

    Je me devais de lire ce diptyque. La Guerre et la Paix est un tel classique que passer à côté aurait été un affront. Donc je m’y suis lancé avec joie. Et puis…j’ai vite déchanté. Je me suis, dès le début, heurté à la préface. La loooooongue préface. Elle est très intéressante, c’est sûr. Mais parfois, il faut bien l’avouer, la préface plombe le moral et casse le rythme dans lequel on se met quand on veut lire un tel ouvrage. Mais ça, c’est parce que je n’étais pas prêt. Et je pense qu’on peut difficilement se préparer à lire Tolstoï.

    A l’heure où j’écris ces lignes, je suis à tête reposée, le roman achevé, sachant ce qu’il m’attendait puisque le livre terminé. J’avais lu Dostoïevski, je pensais savoir à peu près vers quoi je me lançais. Grave erreur. Rien ne m’avait préparé à plonger autant dans l’assoupissement au bout d’une page sur la vie de la famille Rostov, à ne pas comprendre les différents surnoms qui, pour un novice, n’ont rien à voir avec le prénom. Je n’étais pas non plus près à lire des descriptions de guerre si réalistes que je me croyais dans cette campagne russe, à subir les assauts de l’armée de Napoléon.

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    Bataille de Smolensk 17 août 1812, par Jean-Charles Langlois

    Et oui, je m’y croyais. Car Tolstoï raconte la guerre comme une entité vivante, un être doué de conscience, une entité grouillante de vie de soldats comme leur corps sans vie grouillent de vers et de larves. Et il n’hésite pas, quand il en a le besoin, d’expliquer les faits selon sa propre théorie, comme quoi les issus d’une guerre, le devenir d’une cohorte humaine, n’est pas décidée par un homme ou par un conseil de guerre. Le devenir d’une cohorte d’hommes est décidé par chaque individu se perdant dans cette cohorte, ne faisant plus qu’un au profit de cet être doué de conscience. Et quand l’armée russe affronte l’armée française, nous n’avons pas affaire à des milliers d’hommes contre d’autres milliers d’hommes, nous avons affaire à deux entités douées de conscience.

    Et dit comme ça, ça peut paraître pompeux. Et ça le sera ! Parce qu’au bout d’un moment, à force de le lire et de le relire, vous en aurez marre. Moi, j’en ai eu marre. L’idée est très intéressante. Chacune de ses explications est claire et semble logique. Mais, je pense spécifiquement à la fin, quand on vient de lire 1200 pages, on a difficilement envie de lire 100 pages de thèse sur pourquoi l’art de la guerre n’existe pas et pourquoi les historiens se trompent.

    Tolstoï, si tu me lis, j’ai pris un très grand plaisir à lire La Guerre et la Paix. Sincèrement. Mais la prochaine fois, fait une thèse. Orale. Vu comme tu écris, je suis sûr que tu as été un grand orateur.

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    Napoléon faisant retraite depuis Moscou, par Adolphe Northen

    Pour finir, je dois vous mettre en garde. Les Rostov, les Bézoukhov et autres Bolkonsky n’existent pas. Je sais, vous aurez envie du contraire. Vous serez tellement attachés à eux qu’ils auront forcément existé. Je suis passé par là. Durant ma lecture de ces deux tomes, je n’ai cessé de me dire que ce que je lisais, c’était ce qu’il s’était réellement passé. Que je lisais un livre sur la campagne napoléonienne. Mais non. Bien que véridique sur de très nombreux tableaux, l’oeuvre de Tolstoï n’en reste pas moins fictive. Croyez-moi, c’est mieux de le garder en tête.

    Alors au début du récit, j’en ai chié. Vraiment. Jamais un train Paris/Lille ne m’a semblé si long ! Mais une fois qu’on est dedans, dans cette narration vivante, on a qu’une envie, ouvrir un livre d’histoire et en savoir plus sur la campagne de Russie.

    Lisez La Guerre et la Paix de Tolstoï, ça vaut le détour. Mais préparez-vous.