Étiquette : roman

  • La Guerre et la Paix de Tolstoï

    La Guerre et la Paix de Tolstoï

    La guerre et la paix 1 Tolstoi

    Nous sommes dans l’Europe du début du XIXè siècle. La France de Napoléon enchaîne les victoires et les conquêtes. Le dévolu de l’Empereur se jette sur la Russie, identifiée alors comme allier de l’Angleterre.

    Bientôt l’armée de l’Empire de France va marcher sur la Russie et ses alliés, dans une conquête inarrêtable.

    Mais la noblesse n’en a que faire, pour qui tout cela appartient à un futur lointain. L’armé rouge, forte, disciplinée, imbattable, empêchera l’avancée de Buonaparte, par le sang de leurs braves s’il le faut. Vaincue, incapable d’atteindre Moscou et Saint Pétersbourg, l’armée française n’aura pour seul but que de retourner en France, désemparée, perdue et anéantie.

    Alors les repas, les bals, les danses et les rires se prolongent, insouciants. La vie suit son cours comme il se doit, aussi sûr que l’eau coule d’amont en aval.

    Les Rostov, les Bézoukhov et les Bolkonsky en font partie. Qui doit être auprès de son père mourant, qui profite simplement de la vie, l’insouciance aux lèvres et l’amour au cœur, qui, sinon, doit élever son fils. Mais même lointaine, la guerre a de ça qu’elle réussit à faire parler d’elle, réveillant le dédain ou le patriotisme et en chacun un désir propre, qui cherche la gloire, qui la fortune, la renommée ou l’adrénaline.

    La guerre et la paix 2 Tolstoi

    Mais même les plus braves doivent à un moment se rendre compte que l’amour d’un empereur ne fait pas tout. Qu’une stratégie de guerre ne peut pas toujours être suivie à la lettre. Que chaque régiment, chaque responsable, chaque homme, à son libre arbitre. Et que c’est ce dernier, qui influera sur la guerre, dans la victoire ou dans la défaite. Et il faut parfois beaucoup de sacrifice pour s’en rendre compte. Si on s’en rend compte.

    Je me devais de lire ce diptyque. La Guerre et la Paix est un tel classique que passer à côté aurait été un affront. Donc je m’y suis lancé avec joie. Et puis…j’ai vite déchanté. Je me suis, dès le début, heurté à la préface. La loooooongue préface. Elle est très intéressante, c’est sûr. Mais parfois, il faut bien l’avouer, la préface plombe le moral et casse le rythme dans lequel on se met quand on veut lire un tel ouvrage. Mais ça, c’est parce que je n’étais pas prêt. Et je pense qu’on peut difficilement se préparer à lire Tolstoï.

    A l’heure où j’écris ces lignes, je suis à tête reposée, le roman achevé, sachant ce qu’il m’attendait puisque le livre terminé. J’avais lu Dostoïevski, je pensais savoir à peu près vers quoi je me lançais. Grave erreur. Rien ne m’avait préparé à plonger autant dans l’assoupissement au bout d’une page sur la vie de la famille Rostov, à ne pas comprendre les différents surnoms qui, pour un novice, n’ont rien à voir avec le prénom. Je n’étais pas non plus près à lire des descriptions de guerre si réalistes que je me croyais dans cette campagne russe, à subir les assauts de l’armée de Napoléon.

    Battle_of_Smolensk
    Bataille de Smolensk 17 août 1812, par Jean-Charles Langlois

    Et oui, je m’y croyais. Car Tolstoï raconte la guerre comme une entité vivante, un être doué de conscience, une entité grouillante de vie de soldats comme leur corps sans vie grouillent de vers et de larves. Et il n’hésite pas, quand il en a le besoin, d’expliquer les faits selon sa propre théorie, comme quoi les issus d’une guerre, le devenir d’une cohorte humaine, n’est pas décidée par un homme ou par un conseil de guerre. Le devenir d’une cohorte d’hommes est décidé par chaque individu se perdant dans cette cohorte, ne faisant plus qu’un au profit de cet être doué de conscience. Et quand l’armée russe affronte l’armée française, nous n’avons pas affaire à des milliers d’hommes contre d’autres milliers d’hommes, nous avons affaire à deux entités douées de conscience.

    Et dit comme ça, ça peut paraître pompeux. Et ça le sera ! Parce qu’au bout d’un moment, à force de le lire et de le relire, vous en aurez marre. Moi, j’en ai eu marre. L’idée est très intéressante. Chacune de ses explications est claire et semble logique. Mais, je pense spécifiquement à la fin, quand on vient de lire 1200 pages, on a difficilement envie de lire 100 pages de thèse sur pourquoi l’art de la guerre n’existe pas et pourquoi les historiens se trompent.

    Tolstoï, si tu me lis, j’ai pris un très grand plaisir à lire La Guerre et la Paix. Sincèrement. Mais la prochaine fois, fait une thèse. Orale. Vu comme tu écris, je suis sûr que tu as été un grand orateur.

    Napoleons_retreat_from_moscow
    Napoléon faisant retraite depuis Moscou, par Adolphe Northen

    Pour finir, je dois vous mettre en garde. Les Rostov, les Bézoukhov et autres Bolkonsky n’existent pas. Je sais, vous aurez envie du contraire. Vous serez tellement attachés à eux qu’ils auront forcément existé. Je suis passé par là. Durant ma lecture de ces deux tomes, je n’ai cessé de me dire que ce que je lisais, c’était ce qu’il s’était réellement passé. Que je lisais un livre sur la campagne napoléonienne. Mais non. Bien que véridique sur de très nombreux tableaux, l’oeuvre de Tolstoï n’en reste pas moins fictive. Croyez-moi, c’est mieux de le garder en tête.

    Alors au début du récit, j’en ai chié. Vraiment. Jamais un train Paris/Lille ne m’a semblé si long ! Mais une fois qu’on est dedans, dans cette narration vivante, on a qu’une envie, ouvrir un livre d’histoire et en savoir plus sur la campagne de Russie.

    Lisez La Guerre et la Paix de Tolstoï, ça vaut le détour. Mais préparez-vous.

  • 1Q84 de Haruki Murakami

    1Q84 de Haruki Murakami

    1964, deux enfants de 10 ans qui ne s’étaient jamais parlés se sont secrètement tenus la main entre deux cours. Comme une poignée de mains qui lit un pacte, ce geste a lié ce jeune garçon et cette fillette pour une destinée inattendue, dans un lieu et une époque inconnus.

    1Q84 1Des choix de vie sont pris et les destins se rapprochent.

    Aomamé doit-elle prendre cet escalier de secours situé sur la voie express ?

    Tengo doit-il participer à la réécriture du manuscrit ?

    Aomamé est prévenue, on voit parfois le monde différemment lorsque l’on prend une décision importante. Des événements adviennent, d’autres sont advenus et certains n’adviendront jamais.

    Tengo le sait, s’il s’embarque là-dedans, malgré la confiance de son éditeur Komatsu, il risque d’y laisser des plumes si cela venait à se savoir un jour. Qu’adviendrait-il de sa carrière ?

    De coach sportive dans une salle de sport à tueuse, pour Aomamé il n’y a qu’un pas. Un pas franchit il y a un moment maintenant, avec la rencontre de la vieille dame et de son rôle dans la protection des femmes atteintes de violences conjugales.

    Professeur de mathématiques et écrivain ne sont pas des métiers proches mais pour Tengo, ce qu’il ressent quand il enseigne et lorsqu’il écrit font partie d’un tout nécessaire à sa vie, à son fonctionnement.

    Et puis finalement un romain remporte le prix des jeunes auteurs et le monde est chamboulé, les cartes sont redistribuées et les lignes de vie viennent à se croiser.

    1Q84 2La chrysalide de l’air devient best seller.

    Les ennuis deviennent inévitables.

    Aomamé.

    Tengo.

    Une poignée de main secrète, enfouie, jamais oubliée.

    1Q84 est très intéressant. On reconnait tout de suite la pureté et l’esthétique japonais dès les premières pages. La lecture alternée entre Tengo et Aomamé permet de pouvoir profiter de chaque personnage tout en ménageant le suspens et prenant le lecteur au piège de ce roman. Haruki Murakami nous entraîne dans un Japon moderne pour nous ouvrir les portes d’une poésie étrange sur la vie et le destin comme deux personnes liées qui obéissent aux lois de l’univers.

    Au fur et à mesure de la lecture de la trilogie, du développement de cette chrysalide de l’air, de ce roman dans le roman, le lecteur plonge à son insu, sans pouvoir y faire quoi que ce soit, dans une histoire qui le dépasse, tout comme les héros de 1Q84.

    Sommes-nous les maîtres de nos vies ?

    1Q84 3Il faut le dire, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en lisant cette trilogie. Mon frère avait vraiment bien aimé, ma belle-sœur n’avait pas pu dépasser la moitié du tome 1. Je me suis lancé dedans en survolant rapidement le résumé en quatrième de couverture et je me suis retrouvé, bien malgré moi, pris dans cette univers 1Q84, sans pouvoir en sortir. Devais-je remonter cette échelle ? Devais-je renoncer à la réécriture de ce roman ? Comment revenir à mon ancienne vie ?

    Mais vous savez la furieuse envie que j’ai eu en terminant cette trilogie ? Lire la chrysalide de l’air.

  • Limbo de Bernard Wolfe

    Limbo de Bernard Wolfe

    Limbo Bernard WolfeNous sommes en 1990, une vingtaine d’année après la troisième guerre mondiale. Les bombes H ont plu sur le monde comme des cadeaux à noël.

    Le monde est défiguré, des pays entiers ont été rasés et des villes anéanties.

    La Terre entière était l’échiquier de deux super cerveaux électroniques : les EMSIAC, pour lesquelles mat ne signifiait que la mort de millions d’êtres humains, à savoir rien de plus qu’un vulgaire pion, comme dans les échecs sorciers d’Harry Potter.

    wizard chess

    Chirurgien de guerre, rafistolant les mutilés comme une couturière les jeans, le Dr Martine ne chôme pas. Nuit et jour des cadavres ambulants arrivent par hélicoptère, quémandant un coup de bistouri par là, un coup de scalpel par ci.

    Jusqu’au jour où il décide de fuir, de déserter cette guerre qu’il ne supporte plus, pour atterrir sur une île proche de Madagascar, là où il rencontre une tribu plus que pacifiste. Durant 18 ans il opère, cherchant à éliminer le tonus, l’agressivité, l’anormalité, d’une partie de la population. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ce n’est l’ablation du plaisir chez ses patients qu’il trépane, soit disant pour le bien de tous. Car le différent dérange, fait peur.

    Mais quand débarquent sur l’île des hommes dotés de prothèses au niveau des bras et des jambes, son bon vieux monde occidental se rappelle à lui. Que s’est-il passé pour en arriver là ? Sont-ils des mutilés de guerre ? Tous ? Ce serait bien étrange.

    Poussé par une force invisible qui l’attire vers son continent américain natal, il quitte femme et enfant pour mener son enquête, qui le conduira au cœur du cerveau humain. Son premier indice pour l’aider dans sa quête : « Dîtes non au rouleau compresseur ».

    Bernard Wolfe nous emmène dans une guerre froide pas très froide. Plutôt une guerre des tranchées psychiques et des non dits. Très philosophique, Limbo est une étude du comportement, de l’agressivité de l’homme et du rôle de la femme dans tout ça. Parfois très théorique, parfois très limite sur les propos, le roman pourra en déranger plus d’un.

    Réelle extrapolation des années 1950 (date d’écriture), l’œuvre de Bernard Wolfe dépeint un monde qui oppose Amérique contre Russie, dans un facsimilé de monde utopique où tout le monde est égal et où la paie règne car la réponse ultime à la guerre a été trouvée : s’amputer volontairement.

    Vénus de Milo
    La Vénus de Milo, première duo amp ?

    Bouquin très dérangeant, très complexe, thèse sur le désarmement et l’intelligence artificielle qui laissera un léger goût amer dans la bouche.

    Finalement, le meilleur moyen de ne plus faire la guerre, ce ne serait pas ça ?

    Satyre au repos attribué à Praxitèle
    Satyre au repos attribué à Praxitèle
  • Terreur de Dan Simmons

    Terreur de Dan Simmons

    FrancisCrozierTout d’abord, Monsieur Francis Rawdon Moira Crozier, je vous salue. Je ne vous ai pas connu mais je suis sûr que vous étiez un chic type.

    XIXème siècle. 1845 pour être précis. Le 19 mai 1845. L’expédition de Sir John Franklin quitte l’Angleterre avec le HMS Erebus et le HMS Terror, commandés respectivement par James Fitzjames et Francis Crozier. À leur bord, 129 hommes prêts à enfin trouver le passage du nord-ouest, au nord du Canada, dans l’enfer blanc, là où aucun homme ne peut vivre.

    Et pourtant, tous savent qu’ils vont y passer plusieurs années à naviguer et parfois, surement, bloqués par la glace. L’argent ? La renommée ? L’aventure ? Le sens du devoir ? Chacun sa propre motivation. Une fois en enfer, ils seront tous liés par la même envie, survivre. Coûte que coûte. À n’importe quel prix.

    Terreur Dan SimmonsEt la plupart d’entre eux savent déjà le prix à payer pour la survie. Ils ne sont pas en effet les premiers à tenter de trouver le passage. Ils n’en sont d’ailleurs pas tous à leur première fois. Sir John Franklin en a lui-même déjà fait les frais puisqu’il est désormais connu comme l’homme qui a mangé ses chaussures. Quand la faim tenaille, elle justifie les moyens. Que ce soit du lichen ou du cuir de chaussure, tout est bon à prendre. Car la mort est patiente et joueuse. Aujourd’hui ou demain, cela ne fait aucune différence pour elle. Scorbut, pneumonie, engelure, gangrène, noyade, elle a de nombreuse cartes à jouer et encore plus d’un atout dans sa manche.

    Mais ils sont prêts. Prêts à affronter cette mort en face. Car il est pire que la mort, la trahison à l’encontre de la Royal Navy. Mais il y a une chose à laquelle le commandant, les capitaines, les matelots, les chefs de hune, les pilotes de glace, les chirurgiens et les autres membres d’équipage n’étaient pas préparés. Une chose dont même le diable aurait peur.

    En tant que lecteur, on sait qu’ils vont tous mourir. On le sait car Dan Simmons s’est inspiré de la réelle expédition Franklin avec le HMS Erebus et le HMS Terror. Et aucun survivant n’a été retrouvé. Que quelques os éparses, des tombes, des vestiges des outils de communication et de conserves. Cette note, détaillée dans le roman, ne laisse aucun doute sur le sort de l’expédition.

    Franklin expedition note

    Le HMS Terror n’a d’ailleurs été retrouvé sous les eaux qu’en 2016. Donc on sait d’emblée que ça va mal se finir pour eux. Mais bon dieu qu’on s’y attache à cet équipage, à ces hommes qui ont existé qui sont surement morts dans d’atroces souffrances, à essayer de rallier un lieu où les secours pourraient potentiellement les trouver, à chercher des inuits peut-être capable de les aider à survivre.

    Mais même si on sait que ça se passe mal, on ne peut s’empêcher d’espérer. Car Crozier est l’homme de la situation. Jamais il n’abandonnerait ses hommes. Et Simmons pourrait être sympa et changer un peu la réalité, comme il le fait déjà en extrapolant la Terreur.

    Terreur est un sacré roman. J’ai pris énormément de plaisir à le parcourir, en espérant à chaque page et en maudissant ceux qui cherchaient à saboter les plans. Véritable ascenseur émotionnel, je me retrouvais moi aussi plongé dans l’enfer blanc, à fuir cet abominable créature, à mourir de froid et à placer tous mes espoirs dans Crozier. Cet enfer blanc prend aux tripes.

    Vous voulez la bonne nouvelle ? AMC sort une série adaptée de l’oeuvre de Dan Simmons. Trailer ci-dessous :

    Oserais-je dire Winter is coming ?

  • Metro 2034

    Metro 2034

    metro 20342034.

    Un an après les événements survenus à VDNKh, les Noirs ne sont qu’une légende parmi tant d’autres pour les habitants de la Sévastopolskaya, la dernière station habitée sur la ligne, luttant contre son lot de monstres au sud, une station inhabitée mais vivante au nord et les radiations à l’est.

    Si ce n’était pour ses rivières souterraines et sa production d’électricité qui en découle, la Sévastopolskaya serait complètement délaissée par ses habitants et par la Hanse. Seulement voilà, la station fournit l’énergie nécessaire à une bonne partie de la circulaire de vivre aussi fastement qu’elle le souhaite. C’est pourquoi elle envoie régulièrement une caravane de vivres et de munitions pour aider la station plus au sud à lutter contre les différents maux qui la rongent. Mais cette fois-ci, elle n’arrive pas. Et le téléphone reliant les stations n’est plus utilisable. Ce qui ne veut dire qu’une chose, un malheur est arrivé.

    Pire encore, les éclaireurs envoyés par le chef de la station et le colonel ne reviennent pas. Que faire ?

    NakhimovskyProspektNovelMapZoomOut

    Un nouvel homme se porte volontaire pour entrer en contact avec les disparus. Personne ne connaît réellement le brigadier, d’où il vient, son nom, son passé, ni même pourquoi il met ses talents hors pair de combattant au service de la Sévastopolskaya. Homère, un vieux conteur d’histoires sera amené à le découvrir en l’accompagnant vers une mort certaine. Pour seule information sur son compagnon de route il réussira à entendre furtivement un nom, Hunter.

    Suite du fameux Metro 2033, Metro 2034 fait plutôt pâle figure face à son aîné. Lors de ma première lecture, je me souviens avoir été déçu. Le livre n’est pas mauvais mais l’histoire fait forcée, comme si Dmitry Glukhovsky voulait combler le vide laissé par Artyom. Et pour cause, ce dernier est même présent dans l’histoire, pour une raison quelconque, quand n’importe qui d’autre aurait fait l’affaire. Idem pour Hunter, pourquoi le retrouver ? Son histoire paraît certes plausible mais ne fait pas « fluide », si vous voyez ce que je veux dire. Et ça me dérange. Nous sommes bien loin de l’épopée de l’opus précédent. Mais une chose est encore possible, que l’histoire de Metro 2034 ne soient qu’un préambule pour le fameux Metro 2035. Mystère à éclaircir rapidement !

  • Puzzle de Franck Thilliez

    Puzzle de Franck Thilliez

    Oh

    Putain

    De

    Merde

    Voilà les quatre premiers mots qui sont sortis de ma bouche à la fin de ce bouquin. J’étais littéralement : « Oh putain de merde oh putain de merde oh putain de merde oh putain de merde, etc. ». J’étais scothé. Sur le cul.

    Ce bouquin m’a complètement retourné la tête ! Et il m’a clairement fait flipper ! En le lisant sur mon lit, je ne voulais pas avoir une seule partie de moi hors de cet espace protecteur. J’étais comme ce gosse qui lit du chair de poule sous la couette à la lumière de sa lampe torche car ses parents ne doivent pas voir la lumière et penser qu’il dort déjà paisiblement. En revanche, pour ma part, il faisait jour et je n’étais pas sous ma couette. C’était peut-être une erreur d’ailleurs.

    Tout comme le héros du livre, Ilan Dedisset, j’avais moi aussi l’impression de devenir paranoïaque, d’inventer des voix, des bruits, des objets qui bougent ou qui manquent dans l’appartement. Pour tout vous avouer, j’avais même peur de descendre de ma mezzanine pour aller faire pipi. Mais je n’avais pas de bouteille d’eau vide à porter de main. Je n’avais pas le choix, je devais y aller. Mais c’était toujours à contre cœur.

    A l’instant où j’écris ces lignes, je suis seul, la musique assez forte, mais avec l’impression que quelqu’un m’observe et une envie qui me prend aux tripes de me retourner toutes les trente secondes pour vérifier que personne n’est derrière moi.

    Puzzle de Franck ThilliezJe ne peux pas faire meilleur conseil que vous dire d’allumer vos lumières, de fermer toutes vos portes à double tour, de fermer également vos fenêtres, de garder en tête que tout n’est qu’un jeu.

    Paranoïa est partout. Si bien qu’entre jeu et réalité, la frontière est très fine. Peut-être un peu trop. Ou bien elle est déjà franchie. Mais pour 300 000€, le jeu en vaut la chandelle. Quitte à perdre la tête. Car n’est-ce pas ce que le nom du jeu nous laisse supposer ?

    Où s’arrête le jeu, où commence la réalité ? Je vous l’ai dit, il faut garder en tête que tout est un jeu. Même si quelqu’un doit mourir. Ou plusieurs. Et après tout, les morts sont-ils réels ? Les morts font-ils partie du jeu ? Ou le jeu a-t-il mal tourné ? Et les 300 000€ sont-ils bien réels ? Car si tout est un jeu, pourquoi eux ne le seraient-ils pas aussi ?

    Vous allez vous retrouvez seul. Extrêmement seul. Peu importe ce que vous ferez. Vous sentirez vos poils se dresser, vous entendrez des bruits suspects, vous regarderez bizarrement tous les gens que vous croiserez, vous remettrez en cause tout ce que les gens vous disent. Connait-on vraiment les gens que l’on côtoie tous les jours ? Est-ce bien mon copain qui dort dans mon lit ? Ma femme est-elle la même qu’hier et que lors de notre mariage ? Ne trouvez-vous pas que vos parents agissent bizarrement depuis quelques jours ? Tout bien réfléchi, n’avez-vous pas toujours trouvé que votre voisin agissait bizarrement ? Réfléchissez bien en fermant les yeux ce soir, dans votre lit, à entendre le vent qui frappe vos fenêtres et le bois de vos meubles craquer sous le poids des ans.

    Bonne nuit. Et à demain.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ou pas.