
Nous sommes dans l’Europe du début du XIXè siècle. La France de Napoléon enchaîne les victoires et les conquêtes. Le dévolu de l’Empereur se jette sur la Russie, identifiée alors comme allier de l’Angleterre.
Bientôt l’armée de l’Empire de France va marcher sur la Russie et ses alliés, dans une conquête inarrêtable.
Mais la noblesse n’en a que faire, pour qui tout cela appartient à un futur lointain. L’armé rouge, forte, disciplinée, imbattable, empêchera l’avancée de Buonaparte, par le sang de leurs braves s’il le faut. Vaincue, incapable d’atteindre Moscou et Saint Pétersbourg, l’armée française n’aura pour seul but que de retourner en France, désemparée, perdue et anéantie.
Alors les repas, les bals, les danses et les rires se prolongent, insouciants. La vie suit son cours comme il se doit, aussi sûr que l’eau coule d’amont en aval.
Les Rostov, les Bézoukhov et les Bolkonsky en font partie. Qui doit être auprès de son père mourant, qui profite simplement de la vie, l’insouciance aux lèvres et l’amour au cœur, qui, sinon, doit élever son fils. Mais même lointaine, la guerre a de ça qu’elle réussit à faire parler d’elle, réveillant le dédain ou le patriotisme et en chacun un désir propre, qui cherche la gloire, qui la fortune, la renommée ou l’adrénaline.

Mais même les plus braves doivent à un moment se rendre compte que l’amour d’un empereur ne fait pas tout. Qu’une stratégie de guerre ne peut pas toujours être suivie à la lettre. Que chaque régiment, chaque responsable, chaque homme, à son libre arbitre. Et que c’est ce dernier, qui influera sur la guerre, dans la victoire ou dans la défaite. Et il faut parfois beaucoup de sacrifice pour s’en rendre compte. Si on s’en rend compte.
Je me devais de lire ce diptyque. La Guerre et la Paix est un tel classique que passer à côté aurait été un affront. Donc je m’y suis lancé avec joie. Et puis…j’ai vite déchanté. Je me suis, dès le début, heurté à la préface. La loooooongue préface. Elle est très intéressante, c’est sûr. Mais parfois, il faut bien l’avouer, la préface plombe le moral et casse le rythme dans lequel on se met quand on veut lire un tel ouvrage. Mais ça, c’est parce que je n’étais pas prêt. Et je pense qu’on peut difficilement se préparer à lire Tolstoï.
A l’heure où j’écris ces lignes, je suis à tête reposée, le roman achevé, sachant ce qu’il m’attendait puisque le livre terminé. J’avais lu Dostoïevski, je pensais savoir à peu près vers quoi je me lançais. Grave erreur. Rien ne m’avait préparé à plonger autant dans l’assoupissement au bout d’une page sur la vie de la famille Rostov, à ne pas comprendre les différents surnoms qui, pour un novice, n’ont rien à voir avec le prénom. Je n’étais pas non plus près à lire des descriptions de guerre si réalistes que je me croyais dans cette campagne russe, à subir les assauts de l’armée de Napoléon.

Et oui, je m’y croyais. Car Tolstoï raconte la guerre comme une entité vivante, un être doué de conscience, une entité grouillante de vie de soldats comme leur corps sans vie grouillent de vers et de larves. Et il n’hésite pas, quand il en a le besoin, d’expliquer les faits selon sa propre théorie, comme quoi les issus d’une guerre, le devenir d’une cohorte humaine, n’est pas décidée par un homme ou par un conseil de guerre. Le devenir d’une cohorte d’hommes est décidé par chaque individu se perdant dans cette cohorte, ne faisant plus qu’un au profit de cet être doué de conscience. Et quand l’armée russe affronte l’armée française, nous n’avons pas affaire à des milliers d’hommes contre d’autres milliers d’hommes, nous avons affaire à deux entités douées de conscience.
Et dit comme ça, ça peut paraître pompeux. Et ça le sera ! Parce qu’au bout d’un moment, à force de le lire et de le relire, vous en aurez marre. Moi, j’en ai eu marre. L’idée est très intéressante. Chacune de ses explications est claire et semble logique. Mais, je pense spécifiquement à la fin, quand on vient de lire 1200 pages, on a difficilement envie de lire 100 pages de thèse sur pourquoi l’art de la guerre n’existe pas et pourquoi les historiens se trompent.
Tolstoï, si tu me lis, j’ai pris un très grand plaisir à lire La Guerre et la Paix. Sincèrement. Mais la prochaine fois, fait une thèse. Orale. Vu comme tu écris, je suis sûr que tu as été un grand orateur.

Pour finir, je dois vous mettre en garde. Les Rostov, les Bézoukhov et autres Bolkonsky n’existent pas. Je sais, vous aurez envie du contraire. Vous serez tellement attachés à eux qu’ils auront forcément existé. Je suis passé par là. Durant ma lecture de ces deux tomes, je n’ai cessé de me dire que ce que je lisais, c’était ce qu’il s’était réellement passé. Que je lisais un livre sur la campagne napoléonienne. Mais non. Bien que véridique sur de très nombreux tableaux, l’oeuvre de Tolstoï n’en reste pas moins fictive. Croyez-moi, c’est mieux de le garder en tête.
Alors au début du récit, j’en ai chié. Vraiment. Jamais un train Paris/Lille ne m’a semblé si long ! Mais une fois qu’on est dedans, dans cette narration vivante, on a qu’une envie, ouvrir un livre d’histoire et en savoir plus sur la campagne de Russie.
Lisez La Guerre et la Paix de Tolstoï, ça vaut le détour. Mais préparez-vous.


Des choix de vie sont pris et les destins se rapprochent.
La chrysalide de l’air devient best seller.
Il faut le dire, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en lisant cette trilogie. Mon frère avait vraiment bien aimé, ma belle-sœur n’avait pas pu dépasser la moitié du tome 1. Je me suis lancé dedans en survolant rapidement le résumé en quatrième de couverture et je me suis retrouvé, bien malgré moi, pris dans cette univers 1Q84, sans pouvoir en sortir. Devais-je remonter cette échelle ? Devais-je renoncer à la réécriture de ce roman ? Comment revenir à mon ancienne vie ?
Nous sommes en 1990, une vingtaine d’année après la troisième guerre mondiale. Les bombes H ont plu sur le monde comme des cadeaux à noël.



Tout d’abord, Monsieur Francis Rawdon Moira Crozier, je vous salue. Je ne vous ai pas connu mais je suis sûr que vous étiez un chic type.
Et la plupart d’entre eux savent déjà le prix à payer pour la survie. Ils ne sont pas en effet les premiers à tenter de trouver le passage. Ils n’en sont d’ailleurs pas tous à leur première fois. Sir John Franklin en a lui-même déjà fait les frais puisqu’il est désormais connu comme l’homme qui a mangé ses chaussures. Quand la faim tenaille, elle justifie les moyens. Que ce soit du lichen ou du cuir de chaussure, tout est bon à prendre. Car la mort est patiente et joueuse. Aujourd’hui ou demain, cela ne fait aucune différence pour elle. Scorbut, pneumonie, engelure, gangrène, noyade, elle a de nombreuse cartes à jouer et encore plus d’un atout dans sa manche.

2034.

Je ne peux pas faire meilleur conseil que vous dire d’allumer vos lumières, de fermer toutes vos portes à double tour, de fermer également vos fenêtres, de garder en tête que tout n’est qu’un jeu.