Étiquette : Chronique Littéraire

  • Ubik de Philip K. Dick

    Ubik de Philip K. Dick

    Ubik Philip k dick

    Après une expédition sur la lune qui a mal tourné pour l’équipe de neutraliseurs de Glen Runciter et de Joe Chip, la compagnie doit de toute urgence se replier vers la Terre en catastrophe, le cadavre de Runciter sur les bras, cryogénisé dans le vaisseau afin de l’emmener au moratorium pour le placer en semi-vie.

    À n’en pas douter, il s’agit à nouveau de Raymond Hollis et de ses psis, se dit Joe Chip, à qui incombe dorénavant la gouvernance de Runciter & Associates, la plus grand société anti psis de la Confédération Nord-Américaine, qui lutte depuis des années contre ce fameux Hollis.

    Mais cette fois, le piège déployé par ce dernier a parfaitement fonctionné, puisque Runciter est mort. Ce qui parait étranger à Chip pourtant, c’est pourquoi eux, ne sont pas morts. D’autant plus que des phénomènes étranges se passent; des cigarettes desséchées, de la crème fraîche tournée, un café moisi et de la monnaie à l’effigie de feu Runciter.

    L’équipe de Joe Chip va devoir trouver ce que manigance Hollis afin d’affronter la régression du temps qui les entoure et la mort qui les attend tous. Si seulement il arrivait à comprendre ce que cet automate bombe avait fait sur la lune, il pourrait comprendre ces phénomènes.

    Je n’ai plus besoin de présenter le très célèbre Philip K. Dick, d’autant plus que je ne suis pas à mon premier ouvrage de l’auteur.

    Ubik est un réel thriller SF qui nous emmène dans une réflexion poussée sur la vie et la mort, ainsi que sur les phénomènes paranormaux (thème qu’il avait déjà notamment abordé avec les précogs dans Minority Report).

    Tout comme Joe Chip, nous cherchons à déceler le vrai du faux et à relier tous les points entre eux pour découvrir la vérité. Qu’est-ce que l’Ubik, ce produit miracle qui peut tout faire ? Pourquoi le monde régresse et en même temps fournit des éléments d’un univers différent ?

    Une fois de plus, Philip K. Dick ne déçoit pas. Amis de la SF, foncés ! Pas amis de la SF, foncés aussi, mais ce sera plus compliqué.

  • Gatsby le magnifique de F. Scott Fitzgerald

    Gatsby le magnifique de F. Scott Fitzgerald

    Gatsby F Scott Fitzgerald

    Assassin, ancien d’Oxford, militaire, trafiquant, les rumeurs vont bon train sur Jay Gatsby lors des folles soirées qu’il organise dans sa maison de West Egg sur Long Island les soirs d’été 1922.

    Nick Carraway, son très modeste voisin, se retrouve propulsé bien malgré lui dans cette sphère huppée et embourgeoisée des années 20 lorsqu’il reçoit une invitation de ce fameux illustre inconnu.

    Prêt à se saouler jusqu’au levé du jour pour échapper à cet univers peuplé d’opportunistes, il rencontre par miracle Jordan Baker, célèbre golfeuse et très chère amie de sa cousine Daisy, qu’il a retrouvée plusieurs jours auparavant dans sa maison située du côté de East Egg en compagnie de son mari Tom Buchanan. Maison dans laquelle il apprit la double vie non bien dissimulée du mari, la laissant parfois seule avec leur enfant pour retrouver sa maîtresse.

    Les fêtes s’enchaînent et, si pour certains, Gatsby reste entouré d’un voile mystérieux, Nick et lui tissent petit à petit un lien dû à l’avenance de ce premier. Gentillesse et sollicitude pour le moins non feintes mais étrangement teintées de manigances.

    Gatsby fascine et passionne, ce nom qui est sur toute les lèvres portent pourtant en lui de très nombreux secrets, qu’il ressasse seul, assis à observer les fantômes du passé éclairés d’une lumière verte sur un ponton.

    J’avais voulu voir le film à l’époque de sa sortie et pour une raison qui m’échappe, je n’avais pas pris l’occasion de le faire. D’autant plus que si vous êtes un(e) habitué(e), vous savez que j’ai déjà rencontré cet auteur au sein de l’ouvrage Paris est une fête d’Ernest Hemingway, qui ne tarissait pas d’éloges sur Gatsby le magnifique.

    Et bien je dois vous avouer que je ne m’attendais pas du tout à ça ! L’écriture de F. Scott Fitzgerald nous transporte littéralement dans ces fameuses années 20, à fouiner et à jouer aux détectives pour découvrir le passé de Jay Gatsby.

    Il y a une leçon à tirer de ce roman, une leçon que nous pouvons appliquer à notre vie de tous les jours : ça ne sert à rien de ressasser le passé, car il n’en ressortira jamais quelque chose de bon.

    Je prends pour exemple ce gâteau au chocolat que vous mangiez quand vous étiez petit. Il vous paraissait anodin et pourtant il était parfait. Et là encore, des années plus tard, vous en salivez rien que d’y penser. Vous remettez la main sur la recette de votre grand-mère, vous la suivez pas à pas et pourtant, rien n’y fait. Quelque chose cloche, ce n’est pas le même gâteau. Vous achetez un moule identique à celui que vous utilisiez avec votre grand-mère, mais une fois de plus, ce n’est pas ça. Le croustillant n’est pas le même, le collant colle moins et vous ne vous imaginez pas le tremper dans votre lait le matin.

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    Photo de Rachael Gorjestani sur Unsplash

    Qu’est-ce qui a bien pu changer ? Vous blâmez le four, le moule, vous cherchez des excuses. Mais finalement, ce fameux gâteau au chocolat de votre enfance, ça fait plus de 20 ans que vous l’idéalisez, que chaque bouchée prise à l’époque est ancrée dans votre mémoire et le plaisir que vous y preniez est décuplé. Alors forcément, la vision que vous en avez est erronée.

    Il ne faut pas chercher à ramener le passé dans le présent. Retient bien ça Gastby ! Le gâteau au choco de ta jeunesse n’est pas le même que dans tes souvenirs ! Et des années après, ne t’attend pas à le retrouver comme si rien n’avait changé.

  • Silo Tome 2 Origines de Hugh Howey

    Silo Tome 2 Origines de Hugh Howey

    Souvenez-vous de Juliette, de Lukas, de Solo, de Bernard et des autres. Souvenez-vous des silos, ces maisons de plusieurs centaines de mètres de haut, ensevelies sous terre. Souvenez-vous des nettoyages, ces jours de fête où un être est sacrifié pour la santé mentale des autres. Souvenez-vous de ces morts, sortis nettoyés pour montrer un monde triste, mortel et désolé. Souvenez-vous du silo 18.

    Et souvenez-vous que si les silos 17 et 18 existent, il doit aussi exister le silo 1, le premier silo, celui peut-être à l’origine de toutes choses.

    Silo tome 2 Origines Hugh Howey2049. Le fraîchement élu député Donald Keene va rencontrer le sénateur Thurman, son mentor et également un homme qui l’a toujours traité comme son propre fils.

    2110. Troy est sorti de son pod cryogénique. Il est temps pour lui d’effectuer sa première faction en tant que chef du silo 1.

    Donald doit tout à Thurman. Surtout son poste. Il lui est redevable. Et de toute façon, ne saurait rien lui refuser. Personne ne peut refuser quelque chose au sénateur Thurman.

    Comment il est arrivé propulsé à son poste, Troy ne s’en souvient pas. Un changement de plan à la dernière minute. Il devait bien être chef d’un silo, mais pas DU silo. Celui dont tous dépendent.

    Le futur site d’enfouissement des déchets radioactifs n’est pas à proprement parler le meilleur sujet que rêvait d’avoir Donald. Surtout lorsqu’il s’agit de construire des plans d’archite, carrière qu’il avait abandonnée d’un commun accord avec sa femme Helen pour se consacrer à la politique. Ce n’est d’ailleurs pas la seule ombre de son passé qui va resurgir puisqu’il fera équipe sur le projet avec Mick, un ami de fac, et Anna, la fille du sénateur et son ex petit-amie.

    Préquel de la trilogie Silo de Hugh Howey, le tome 2, Origines, comme son nom l’indique, nous raconte l’origine des silos et du monde tel que les habitants des silos le vivent au travers des écrans du premier étage et lors du nettoyage.

    Quel bonheur de retrouver l’univers de silo. Souvenez-vous, le premier volet était loin de m’avoir laissé indifférent. Je l’avais terminé avec beaucoup de questions sans réponses. Et j’aimerais vous dire que ce tome répondra à toutes vos interrogations. Mais ce n’est pas le cas. Ce sacré Hughy a bien étudié son coup. Bon vieux bougre !

    Si nous finissons avec, certes, des réponses en plus, nous avons également plus d’interrogations !

    À l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai qu’une envie, lire le troisième et dernier tome. Livre de Poche, si vous me lisez, j’accueillerai votre livre les bras ouverts !

  • Le paradoxe de Fermi de Jean-Pierre Boudine

    Le paradoxe de Fermi de Jean-Pierre Boudine

    Nous avons affaire ici à un livre dont le titre en dit long sur son sujet. Et pourtant, comme moi, vous serez surpris lors de la lecture.

    Pour comprendre le paradoxe de Fermi avant de vous lancer dans l’ouvrage, regardez la vidéo suivante avec des lunettes 3D que vous gagnez dans les paquets de céréales, parce que sinon ça pète carrément les yeux ! Pour ceux d’entre vous qui n’en auraient pas sous la main, prenez celle-ci.

    lunettes 3d

    Vous avez bien assimilé le paradoxe de Fermi ? En gros, pour résumer, si des extra-terrestres intelligents peuplent la galaxie, pourquoi ne les avons-nous pas croisés ?

    C’est bon pour vous ? Merci de remettre les lunettes dans le bac en plastique et nous pourrons ensuite continuer.

    Bac plastique.jpg

    Je vous écris ces lignes à l’aide de mon ordinateur, assis tranquillement sur mon canapé après avoir regardé la télévision et en écoutant de la musique sur Spotify venant de mon téléphone (Ne me demandez pas pourquoi je n’écoute pas sur mon pc tout simplement. Il est vieux, ok ? Il est pas venu là pour souffrir. Pour seule information, j’écoute R. Kelly Cookie. Strictement rien à voir avec le livre).

    Si je vous précise tout ça, c’est que nous ne nous en rendant pas compte, mais nous sommes tous dépendants de multiples choses que nous tenons pour acquises. Avez-vous déjà réfléchi à comment fonctionnait votre ordinateur ? Ou bien ce qu’il se passait lorsque vous appuyez sur l’interrupteur de votre salon pour allumer la lumière ? Et oui, nous utilisons constamment de l’électricité, même parfois sans nous en rendre compte. Votre télévision est en veille, vous le voyez grâce au point rouge. Ceci indique que même si elle est éteinte, elle consomme quand même de l’électricité.

    Petit tip pour réduire votre facture d’électricité et arrêter de consommer, débranchez tous vos appareils qui ne vous servent pas. Ainsi, le courant ne passera plus et vous ne consommerez pas. De rien.

    Et si je vous parle de ça, c’est car en appuyant sur les touches de mon ordinateur, tranquillement assis sur mon canapé, je ne me rends pas compte de la chance que j’ai. Non, au contraire, je me plains de mon ordinateur qui est trop lent à mon goût.

    Le paradoxe de Fermi Jean-Pierre Boudine

    Robert Poinsot, lui, ne se plaint pas de son ordinateur. Pour la simple et bonne raison qu’il écrit au crayon de bois sur un cahier. Il ne cherche pas non plus ce qu’il se passe quand il appuie sur l’interrupteur de son salon. Une fois de plus, pour la simple et bonne raison que son salon est une grotte. Elle fait d’ailleurs également office de cuisine, de chambre, de salle de jeu, de fumoir, de cachette secrète, bref, comme moi dans mon premier appartement à Cholet mais en pire. Pire car ce cher Robert essaie de survivre à la fin du monde, ou en tout cas à la fin de l’espèce humaine, dans un monde post apocalyptique ou les krachs boursiers, les guerres et les inégalités ont eu raison de toutes les infrastructures et de l’espèce elle-même.

    Et là, vous vous demandez surement le rapport avec le paradoxe de Fermi. Comme moi. Je vous rassure, l’ouvrage aborde le sujet. D’une manière assez étrange, je le concède. J’ai eu l’impression de lire un essai de Jean-Pierre Boudine, le tout enrobé dans un roman. Le Ferrero Rocher de la science-fiction en quelque sorte. Mais ça fonctionne, alors pas de souci !

    Avec ce roman, j’ai eu l’impression de lire un mélange de mes deux dernières lectures, à savoir Station Eleven de Emily St. John Mandel et Superposition de David Walton. Je ne dis pas ça parce que je veux placer des liens dans mes articles mais car, d’un côté, l’histoire prend place dans un monde post apocalyptique et traite d’une communauté de survivants et d’un autre côté, il traite de sujets réels et à caractères scientifiques, pouvant tout à fait arriver et ainsi causer la fin de l’espèce humaine comme expliqué dans le roman.

    Le paradoxe de Fermi est un roman qui se lit vite. Essentiellement parce qu’il est court, mais surtout car nous voulons comprendre ce qu’il est arrivé au monde tel que nous le connaissons pour en arriver tel qu’il est décrit dans l’ouvrage. Et croyez moi, ça ne donne pas envie. Malheureusement, plus nous lisons l’ouvrage et plus nous nous rendons compte que notre monde tend inexorablement vers le monde de l’ouvrage. Et c’en est quelque peu flippant. Alors évitons d’en arriver là.

    Merci.

    Au revoir.

  • Superpositon de David Walton

    Si je vous dis Schrödinger, vous me répondez ? Miaouuuuuu. Et vous avez raison.

    Pour ceux qui ne connaissent pas, Schrödinger est un scientifique qui plaça dans une boîte un chat. Dans cette boîte, un élément radioactif se dégrade à un rythme inconnu qui, une fois dégradé, actionne un marteau allant casser un produit chimique qui tue le chat.

    Ce qui peut être représenté par le schéma suivant :

    Schrodinger cat

    Le principe de l’expérience est que le temps de dégradation de l’élément radioactif est inconnu, laissant totalement hypothétique la mort du chat.

    Grâce à son expérience, Schrödinger a réussi à prouver que le chat était à la fois mort et vivant. Non pas comme les zombies de Walking Dead mais comme deux probabilités possibles. Tant que la boîte n’est pas ouverte, le chat est à la fois vivant et à la fois mort puisqu’on ne sait pas dans quel état il se trouve.

    Ce qui résulte en une magnifique équation et ce gif :

    Schrodinger cat gif.gif

    Si vous avez déjà du mal avec le principe de Shrödinger, vous aurez encore plus de mal avec Superposition. Car dans l’ouvrage, l’accusé du meurtre de Brian Vanderhall est Jacob Kelley, celui-là même qui cherche à retrouver sa famille pendant qu’il est sur le banc des accusés au tribunal.

    Je vous entends déjà : « Mais wtf Barthélémy, tu délires grave. Il fait chaud, tu t’es chopé une insolation. Je t’avais dit que le soleil ce n’était pas pour toi ».

    Et pourtant, tel est bien le pitch du livre. Un univers, des infinités de probabilités, beaucoup de choses dures à comprendre, un thriller d’un genre nouveau et de la physique.

    Pour résumer le bouquin en une seule image après le principe de Schrödinger, regardez ci-dessous.

    Superposition de David Walton

    Cette image représente une seule et même personne. Et pourtant, l’un est le miroir de l’autre. Les deux deux cohabitent en même temps, l’un n’étant pas moins réel que l’autre. Et d’ailleurs, sans les écritures, impossible de savoir lequel est « l’original ». Vous saisissez ?

    Superposition est tellement scientifique que je ne sais pas ce que je peux vous dire sans vous dévoiler la moindre chose. Cette chronique n’est donc pas tant un résumé du livre qu’une introduction pour aborder l’ouvrage dans les meilleures dispositions.

    Une chose est sûre cependant, si vous n’adhérez pas du tout à la photo ci-dessus ou si vous n’avez rien compris au concept de Schrödinger, à moins de vouloir vous lancer dans un gros challenge, oubliez tout de suite Superposition de David Walton. Physique quantique, champ de Higgs, protons, diffraction et j’en passe vont vous retourner le cerveau.

    Monsieur Graton, vous m’aviez dit en terminal S que lorsque j’en aurais marre de ne pas comprendre la physique, je pourrais venir vous voir. Où êtes-vous maintenant que j’ai besoin de vous ? Satané retraite !

    Plus sérieusement, bien que les théories soient compliquées, le roman est écrit de telle façon qu’en lisant bien attentivement, tout le monde puisse comprendre. Alors si vous souhaitez challenger votre esprit, foncez !

    Attention cependant, si vous avez un master recherche en physique quantique, à moins d’aimer les thrillers, vous pouvez vous abstenir. Ça ne vaudra pas une bonne vieille thèse sur l’état d’un quanton 1 vis-à-vis d’un quanton 2 situé à une distance de 10 puissance 50 kilomètres. Ceci est bien entendu complètement bidon, je fais mon intello mais il y a des pages à la fin du bouquin pour expliquer les théories abordées.

    Superposition de David Walton moustache

    Si ce n’est pas dans celle-ci, à plus tard dans une autre probabilité de nous-mêmes.

    Et pourquoi pas avec une moustache !

  • Station Eleven de Emily St. John Mandel

    Station Eleven Emily St John Mandel

    J’avais lu dans un livre il y a plusieurs années : « La vie n’est qu’une ombre qui passe. Un pauvre acteur qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène et qu’ensuite on n’entend plus. C’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien« . Et étrangement, cette citation colle bien avec Station Eleven.

    L’idiot s’appelle Arthur Leander, se pavanant tant bien que mal dans son ultime interprétation du roi Lear, qu’il interprêtera jusqu’à sa crise cardiaque sur scène, les projecteurs braqués sur lui.

    L’idiot s’appelle Jeevan, ancien paparazzi, ancien journaliste people, ancien barman et futur médecin, qui se lance sur scène pour effectuer un massage cardiaque, seule chance de sauver le célèbre Arthur Leander, dont le cœur vient de s’arrêter.

    L’idiote s’appelle Kirsten, jeune comédienne qui, quelques secondes plutôt, interprétait encore une des trois petites filles du roi Lear dans cette nouvelle adaptation, qui sera prise en charge quelques minutes par Jeevan avant de retrouver son accompagnatrice.

    L’idiot s’appelle Clark, ancien meilleur ami d’Arthur, qui devra annoncer à sa famille la mauvaise nouvelle.

    L’idiote s’appelle Miranda, première ex-femme d’Arthur, dessinatrice de comics et cadre supérieure en déplacement en Asie.

    Les idiots s’appellent Elizabeth et Tyler, deuxième ex-femme et fils d’Arthur, habitant en Israël, qui se rendront plus tôt que prévu à New-York.

    Bien loin de se douter de ce qui se trame actuellement, toutes ces personnes ont vu leur vie changer suite à la mort de l’ancien acteur et désormais ancien comédien. Bien loin de se douter, pourtant, que leur vie va radicalement changer suite à la mort de 99,9% de la population mondiale.

    Le son des trompettes résonnent, pour certains c’est l’apocalypse, le glas de Dieu qui s’abat sur l’Homme pour le laver de ses péchés, pour d’autres, ce n’est qu’une répétition, accompagnée de violons, de guitares et de comédiens. La Symphonie est en route, elle traverse les territoires hostiles pour que dans chacun des cœurs résonne Shakespeare et pourquoi pas, avec lui, le roi Lear.

    La vie est faite de destins croisés, de destins qui ne se sont jamais croisés, de destins qui ne se croiseront jamais ou qui se croiseront dans le futur. Et Station Eleven nous le rappelle, dans cet univers post apocalyptique, pour nous rappeler qu’il faut chérir la vie, car elle n’a pas de prix.

    Et si, sans un bruit, le court de la vie s’arrêtait, sans préambule, sans premier ni dernier acte, seulement avec l’épilogue dans lequel vous êtes. Pourriez-vous dire que vous ne regrettez rien ? Que cet épilogue n’est qu’en fait le préambule de cette ombre qui passe dont vous êtes l’acteur qui se pavane et s’agite ?

    Ce roman est splendide. Construction décousue entre le passé, le présent, l’ici et l’ailleurs. J’en avais entendu parler à la télévision lors de sa sortie mais la chronique ne m’avait pas préparé à vivre cette aventure.

    Les trois coups résonnent, silence, éteignez votre téléphone, installez-vous confortablement et venez admirer les idiots se pavaner.